« THE STUDY OF TRACES » : LE JARDIN EXTRAORDINAIRE DE WIKTORIA
The study of traces – Wiktoria (aka Wojciechowska) – Galerie Sono, Paris – Jusqu’au 12 mars 2022
Dans son jardin à Lublin, en Pologne, Wiktoria (aka Wojciechowska), (lauréate du Prix Art of change 21) prend le temps d’observer les plantes et de ressentir leur énergie. Sa démarche se rapproche de celle d’une famille d’artistes dont la pratique relève de la collecte de matériaux naturels, de l’observation du vivant et d’une recherche de fusion entre le corps et la nature.
À l’occasion de son exposition personnelle à la galerie Sono, elle présente « The Study of traces », un projet qui se déploie en photographies, sculptures et installations. L’artiste cherche à restaurer des liens avec les plantes et les pierres, à reconsidérer leurs utilisations et les connaissances que nous en avons. Telle en témoigne sa série Herbarium, dans laquelle des dessins d’espèces végétales gravés sur des tirages photographiques relèvent à la fois d’une extrême délicatesse et de la puissance de leur imprégnation sur des corps.
Toucher les pierres, disposées à différentes hauteurs, percevoir leur température et leurs textures, ces expériences suscitent toutes sortes d’émotions en nous. L’artiste crée des conditions propices à une prise de conscience des bienfaits des éléments naturels issus de la nature. Elle polit les pierres qu’elle recueille pour procurer des sensations de douceur.
Dans la galerie, la disposition de ses œuvres favorise l’expérience d’une rencontre entre notre corps et la pierre. The Shield, une roche maintenue par des sangles, apparait comme un possible bouclier. Elle protège et permet un potentiel réconfort. Cette œuvre dont l’installation suggère une certaine tension nous invite notamment à nous remémorer des images de paysages de roches, fascinantes par leur taille et leur forme.
Ses « Mobile Stone » activent d’une autre manière, un désir d’expérimenter les particularités tactiles des minéraux. Plutôt que d’être pris dans une vie frénétique, prenons le temps de contempler ces merveilles, témoins des différents sols… Chaque pierre sollicite la curiosité et nous incite à croire à leur puissance bienfaitrice. Ce projet artistique suscite d’ailleurs des recherches de la part de scientifiques.
Dans son installation composée de terre récoltée en région parisienne, quelques pousses sont en train de germer. La vidéo d’une performance qu’elle réalisa dans son jardin, proche du rituel, y prend place. Ses photographies montrent des parties du corps sur lesquelles les végétaux ont laissé leurs empreintes, telle une rencontre entre deux êtres vivants. Ces dessins éphémères témoignent de gestes délicats, d’une certaine thérapie par les plantes. À différentes hauteurs, ses Imprint-Sculpture présentent des silhouettes de visages. Accrochées à des câbles d’acier formant des courbes dans l’espace, des pierres nous engagent à un dialogue avec de possibles présences. Cette interaction s’apparente à un soin que nous prenons plaisir à recevoir et à transmettre.
Cette exposition se découvre comme un jardin où contempler la diversité de formes et de matières qui atteste de la géologie de différents terrains. Surgissent alors des souvenirs de promenades dans différents milieux où observer le vivant. Nous sommes incités à prendre le temps d’aiguiser notre regard afin d’observer la croissance des plantes sauvages et redécouvrir leurs usages.
Les œuvres de Wiktoria existent pleinement par la relation qui s’opère entre elles et notre corps. Nous profitons d’un espace-temps à l’abri de la vie urbaine pour écouter ce qui se passe à l’intérieur de nous-même. Ainsi, de ces expériences à la galerie, d’autres pourront être vécues en extérieur, afin d’être profondément en connexion avec la nature. Durant ces moments, notre corps et nos sens seront ouverts à de multiples sensations…
Pauline Lisowski
crédit photo galerie Sono