INES BACAN ET ANTONIO MOYA / FESTIVAL FLAMENCO NÎMES
Inés Bacán y Antonio Moya à l’Institut Emmanuel d’Alzon.
Elle est la discrétion même Inés Bacán lorsqu’elle entre dans la salle lentement, comme une visiteuse qui ne veut pas nous déranger, sourire timide aux lèvres … Nous restons attentifs et silencieux.
Mais une corde qui saute à la guitare d’Antonio Moya et voilà l’atmosphère détendue par l’anecdotique incident.
Puis la voix s’élève naturelle et vraie, sans l’artifice de la technique, devant un cercle réduit de spectateurs chanceux qui lui font cercle. Car entendre la voix de Bacán se mérite comme un vin rare.
Por seguiríyas et fandangos, elle donne ou plutôt offre cette authentique voix profonde et enracinée dans ce flamenco naturel et vrai que des « passeurs » (peu nombreux) tels qu’Inés transmettent encore pour notre plus grand bonheur.
Bonheur boudé par des amateurs de trémolos et pirouettes vocales et qui reprochent parfois à Bacán sa voix monocorde ….. « amateurs » ci-dessus, passez votre chemin …
Car nous sommes en présence d’un monument vivant qui s’est donné pour raison de vivre de donner respectueusement le vrai, l’émotionnellement authentique, ce chant qui coule dans ses veines. Ce chant de ses ancêtres qui est souvent l’héritage le plus précieux et immortel que puisse véhiculer l’être humain.
Une oralité majeure et forte mille fois plus puissante et vraie que tous les réseaux internet. Certes plus restreinte, plus intime, mais plus pure et proche du cœur.
Inés Bacán nous a donné tout cela ce soir. Et une « Nana » exceptionnelle de sensibilité, de tendresse et de profondeur m’a fait venir les larmes aux yeux et a « converti » mon voisin de chaise.
Toute l’émotion du monde planait dans la salle, apaisée quelques instants après par un palmeo de Bobote qui est venu donner une patá sympathique, toujours ponctuation festive des messes flamencas.
Antonio Moya, à la discrétion également évidente, l’a accompagnée avec un toque personnel totalement en phase avec le cante d’Inés.
Et toujours avec discrétion, un sourire plus marqué et plus détendu, Inés Bacán a quitté la pièce sous les applaudissements enthousiastes et conquis du public.
Un public qui n’exigeait pas un « bis », qui ne criait pas, ne s’agitait pas … comme voulant préserver l’instant, rester le cœur apaisé et l’émotion intacte, ne voulant pas casser ce sortilège.
Muchas gracias, Señora Bacán.
Maja Lola
Inés Bacán y Antonio Moya ont joué le 21 janvier dernier dans le cadre du Festival Flamenco de Nîmes 2012.
Maja Lola collabore régulièrement au site nîmois DES PHOTOS, DES MOTS et DES TOROS : http://photosmotstoros.blogspot.com/