L’ENVERS DES CARTES : TUNISIE ANNEE ZERO
Posted by infernolaredaction on 15 mars 2013 · Laisser un commentaire
L’ENVERS DES CARTES : La chronique géopolitique de Salvatore Lombardo
TUNISIE ANNEE ZERO
En 1980 Alexandre Soljenitsyne publiait un retentissant essai littéraire et politique intitulé « L’Erreur de l’Occident ». Le célèbre écrivain et opposant russe au régime des soviets dénonçait avec force l’angélisme béat et la naïveté de l’Occident face à l’Empire soviétique.
En 2011 nouvelle et dramatique erreur de l’Occident, avec le soutien tout autant inconditionnel que naïf, apporté aux fausses révolutions démocratiques arabes. Tunis, puis Le Caire, puis Tripoli, puis Sanaa, tombant sous la coupe terrifiante des partis et des milices islamistes.
En Tunisie, pays hautement symbolique pour sa laïcité, sa capacité citoyenne a offrir aux femmes une position de parfaite égalité avec les hommes, son haut niveau éducatif et culturel, son attachement à la notion de développement durable et son niveau de vie économique et social nettement supérieur à celui de tous les autres pays arabes, en Tunisie donc, ce pays des poètes rebelles, éclatait la première révolte avec comme détonateur étrange l’auto-immolation d’un jeune vendeur des 4 saisons qui se disait harcelé par une policière municipale…
Ben Ali chassé, après avoir été littéralement porté aux nues par tout un peuple et ses alliés occidentaux, la Tunisie accédait à la « démocratie ». La vraie. Pas celle du parti RCD, héritier direct du Néo-Destour, le parti de l’indépendance et de son père, Habib Bourguiba. Il est vrai que dès son accession à la présidence en 1987, Zine El Abidine Ben Ali s’était empressé de supprimer la présidence à vie et le système de parti unique. Il avait aussi renforcé le Code du Statut personnel – gardien de la citoyenneté, éradiqué le péril islamiste, développé l’éducation et la culture, lutté avec succès contre l’exclusion par la pauvreté et l’illettrisme, mis en œuvre une inédite action de sauvegarde de l’environnement, ouvert le système politique à l’ensemble des partis démocratique – y compris les communistes, donné aux créateurs et aux artistes une place privilégies à l’avant-garde de la société. Et enfin donné au développement économique libéral une dimension rare générant un afflux de touristes occidentaux et d’investisseurs internationaux. Mais évidemment il y avait le fameux gant de fer régulant l’opposition et freinant l’islamisme. Ce péril que nombreux en France disaient inventé de toute pièce par un régime autoritaire sans raison…
Deux années seulement après la chute de la Maison Ben Ali, la Tunisie a effectivement bien changé. Elle est à genoux et les suicides par le feu se succèdent à un rythme effrayant comme interpellation désespérée mais dérisoire d’un régime islamiste salafiste animé sans état d’âme par le parti Ennahada, le parti des assassins du légendaire Commandant Ahmad Shah Massoud en Afghanistan.
Faillite économique, chiffres du chômage multipliés par mille, créateurs mis à l’index, presse muselée, opposants incarcérés sans jugement ou assassinés, violence générale, pillages, menaces permanentes contre les femmes non voilées, élections truquées, juges manipulés, fuite des touristes, émigration économique sauvage de dizaines de milliers de jeunes désespérés, départ pour le Djihad en Syrie de plusieurs milliers de combattants inventés puis fanatisés par les salafistes, quasi sécession de plusieurs régions du Sud transformées en émirats.
Les résultats de ce suicide national sont simples et terrifiants. Avec la désintégration progressive mais inéluctable de son Code du statut personnel et son implosion économique et sociale, la Tunisie n’est plus un rêve mais un cauchemar radical à l’usage des petits marquis de la politique occidentale.
Salvatore Lombardo
Photo : Le très inspiré Directeur du Théâtre national tunisien, Mohamed Driss, tourne le dos au présent et rêve d’avenir. Comme une majorité d’intellectuels et d’artistes entre Tunis et Tozeur. (photo S.L)
Share this:
- Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Telegram(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur WhatsApp(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Skype(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquer pour envoyer un lien par e-mail à un ami(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Plus