« JE DIRAI QU’IL EST TROP TARD QUAND JE SERAI MORT.E », ANNE LEFEVRE

JE DIRAI QU’IL EST TROP TARD QUAND JE SERAI MORT.E – théâtre-performance – Texte et conception Anne Lefèvre – Le Périscope Nîmes – Vendredi 13 octobre 2017.

Une ode à la tendresse, une ode à un autre monde, un ailleurs qui poursuit le rêve, le hèle. Surtout ne pas lâcher l’ambition d’être un homme, une femme qui poétise. Partir de la pulsion de vie pour créer face à la déconstruction de l’imaginaire, face au réel qui conforme et pèse. Aller chercher le réconfort dans la simplicité crue du rire, du partage, de l’audace. Oser dire je t’aime, dire et traquer les jolies choses et surtout les accueillir parce qu’elles sont. Accueillir aussi l’étranger, l’autre sans en avoir peur. En somme, lâcher prise pour « ne pas lâcher le rêve » comme nous le fait entendre Anne Lefèvre, auteur et actrice de Je dirai qu’il est trop tard quand je serai mort.e.

Titre ô combien évocateur de son désir de convoquer le vivant, de l’amener au voyage hybride du plaisir et ce par tous les moyens : le chant, la danse, la vidéo, le théâtre. Tout est mis en jeu pour détourner l’illusion des plaisirs stériles et ainsi démasquer les désirs plus profonds. Avec ses talentueux complices, le danseur Fabien Gautier, le comédien Sébastien Bouzin, Anne Lefèvre nous propose un viatique à la fois sucré et criant. Il s’agit de goûter au jouir d’être. Ne pas subir le monde et ses désenchantements, ne pas se satisfaire non plus d’un consumérisme du zen à défaut d’un être à soi véritable.

Il s’agit bel et bien de ressaisir le rêve, l’empoigner à pleine main. C’est ce que nous offre cette présentation folle heureuse du Théâtre Le Vent des Signes à travers une mise en scène riche et efficace. Elle stimule nos sens par la langue, une écriture à la fois généreuse et mordante, par le corps qui meut le sensible au-delà de l’apparence et par la vidéo, autre fil poétique du rêve.

Émerge de cette performance un espace privilégié et interactif avec le spectateur. L’être sur scène est proche de nous, il n’y a plus à proprement parler de représentation mais plutôt un partage d’envies, d’émotions. L’acteur, le danseur, c’est moi, toi, nous. Le plateau servi au public est assez poreux pour croiser les regards, nous inviter sans frontières à l’espace qui transpire le rêve ; espace du commun et de l’intime.

« Soif de visages qui distillent la vie.
Soif de regards qui fortifient le fragile.
Soif de mains qui arrêtent l’hémorragie.
Allez
Ce soir j’irai au bal.
J’effacerai la marque. »

Ainsi en nous interrogeant sur nos rêves Je dirai qu’il est trop tard quand je serai mort.e déplie le champ des possibles et allège un temps (pourquoi pas plus longtemps ?) cette cicatrice entre rêve et réalité.

Aude Courtiel

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