59e BIENNALE DE VENISE : FEMINISTE CERTES , MAIS ANACHRONIQUE ET SANS ECLAT

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59e BIENNALE DE VENISE : FEMINISTE CERTES, MAIS ANACHRONIQUE ET SANS ECLAT – du 23 avril au 27 novembre 2022, Venise.

La 59e Biennale d’Art contemporain de Venise, après deux années de pandémie et d’annulation, ouvre publiquement ses portes ce samedi 23 avril. Un programme résolument féministe, mais teinté d’une certaine nostalgie « belle époque » un peu déplacée, le tout hanté par une actualité brûlante aux portes de l’Europe qui instille son petit venin déprimant et déstabilisant…

80 % d’artistes de l’exposition « The Milk of Dreams » programmée par la curatrice générale Cecilia Alemani sont des femmes. Un signal fort dont on aurait apprécié cependant qu’il se traduise par des oeuvres importantes desdites artistes femmes choisies. Or, l’exposition « phare » « The Milk of Dreams » se contente souvent de proposer un catalogue engagé, certes, mais pauvre en propositions percutantes. Beaucoup d’oeuvres, mais peu convaincantes et surtout, un parti-pris de la curatrice de faire honneur aux artistes femmes du Surréalisme, sur-représentées. Soit, un siècle après, il est important de les fêter, elles ou leurs descendantes, mais bon, nous aurions préféré des oeuvres conséquentes et surtout bien présentées pour les célébrer…

Surréaliste, oui, mais encore ?

Le titre lui-même de la manifestation centrale de la Biennale, « The Milk of Dreams », provient d’une édition de contes de Leonora Carrington (1917-2011), icône des nostalgiques de la période, une illustratrice de livres pour enfants et artiste figurative visiblement très aimée des foyers aisés de la West coast…

Le truc, c’est que la commissaire Cecilia Alemandi a visiblement pris, dans cette 59e Biennale, ses préférences artistiques anachroniques pour des réalités contemporaines. Cette lourde empreinte idéologiquement marquée se retrouve partout dans cette édition, dans le Pavillon central comme dans les choix orientés des pavillons nationaux…

Ainsi, la militance idéologue de la curatrice est-elle présente partout, sans qu’elle ne soit forcément justifiée : pour exemple, les artistes du mouvement surréaliste qu’elle expose, sont malheureusement représentées par des oeuvres de second ordre, mal scénographiées qui plus est. De même, toujours dans le pavillon central, la Portugaise Paula Rego bénéficie d’une salle entière et ce qu’elle y montre, de grands tableaux d’enfants turbulents ou un lot de sculptures soi-disant « dérangeantes », ne dérange personne. En revanche, l’éléphant de Katharina Fritsch fait vraiment sens. Mais Katharina Fritsch n’est pas n’importe qui, elle… Bref, on nage en pleine condescendance pour des artistes avec des oeuvres franchement dispensables que l’on a invitées au motif de leur « représentativité »… Et surtout empreintes d’une nostalgie désuète à l’endroit d’un monde qui est bien fini, ce qui est tant mieux…

Cette idéologisation à gros sabots dénie du coup toute contemporanéité effective à cette 59e biennale, qui se présente alors comme un catalogue militant des opinions « féministes » de la curatrice, que nous respectons et dont nous apprécions la nécessité, mais dont nous aurions aimé qu’elle en fasse état avec un peu plus d’éclat, et surtout plus d’à propos, en convoquant de véritables grandes artistes, réellement révolutionnaires, dont l’absence ici se fait cruellement sentir.

Fort heureusement, certains des pavillons nationaux viennent corriger l’absence de vision artistique de la commissaire générale. Nous reviendrons plus loin sur les pavillons américain, allemand, belge, polonais, … pour ne citer qu’eux, qui valent le détour. Comme nous répercuterons les « événements collatéraux » de la Biennale, souvent bien plus intéressants que l’exposition centrale de celle-ci ou des représentations nationales.

Pour résumer, le « lait des rêves » ne fera hélas rêver personne, en tout cas pas dans les lieux officiels de la Biennale. Dommage… Un coup dans l’eau saumâtre de la lagune, éternelle, elle.

La rédaction.

Image: Brick House (2019) de Simone Leigh, « The Milk of Dreams », Arsenal, copyright the artist & La Biennale 2022

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