76e FESTIVAL D’AVIGNON. « VIA INJABULO », GENEROSITE, ENERGIE ET ENGAGEMENT

VIA INJABULO - COMPAGNIE VIA KATLEHONG

76e FESTIVAL D’AVIGNON. VIA INJABULO – COMPAGNIE VIA KATLEHONG avec Marco da Silva Ferreira & Amala Dianor – 10 – 17 juillet à 22h. – Relâche le 13 – Cour minérale de l’Université.

PANTSULA

Enfin, les artistes peuvent voyager et c’est une joie de revoir des Sud -Africains sur les scènes du Festival d’Avignon. Les chorégraphes Marco da Silva Ferreira et Amala Dianor ont su utiliser l’énergie de la compagnie Via Katlehong et ainsi, servir sur un plateau un spectacle composé de deux pièces dont l’un des fils conducteurs est l’énergie unique des danseuses et danseurs de cette compagnie.

Un programme double qui commence par la pièce sans fioriture, comme à la racine, de Marco Da Silva Ferreira.

L’arrivée de la première danseuse au physique d’enfant met sur la voie avec les joues gonflées, le buste en ébullition et un jeu de jambe hors du commun… Avec elle, sept autres danseurs attendent et observent, puis vont reprendre la même phrase et se lancer dans une circulation de part et d’autre du plateau, avec une énergie et une vitesse qui force l’admiration.

Plusieurs images marquent, ces duos fronts contre fronts où le bassin entraine le reste du corps dans un rythme endiablé, ou cette danseuse au blouson blanc, les bras empêchés de bouger, comme dans une camisole de force. Chacun leur tour, les interprètes soutiennent le regard du public, fièrement, parfois de l’insolence se ressent et une forme de défit aussi. Pour preuve, ces masques enfilés du menton aux yeux par deux garçons qui descendent le plateau du lointain vers la face, avec énergie et détermination… Une danseuse prend à pleine dent le scotch du tapis blanc et les autres l’ouvre, formant un V noir en plein milieu de la scène qui se transforme puisque du blanc elle passe au noir et va laisser place à la pièce écrite par Amala Dianor.

Habilement composée, avec un vrai souci de l’espace et du temps, cette seconde proposition est plus empreinte des références de la danse contemporaine que la première qui apparaît, du coup, plus tribale. Elle s’appuie sur le sens de la scène de la compagnie qui n’hésitent pas à faire le show, à sauter dans les gradins, à haranguer la foule qu’ils doivent trouver bien sage… et si plusieurs passages de cette nouvelle création sont issus de matières chorégraphiques des anciennes pièces du chorégraphe c’est égal car le tour de force est de l’avoir passée à la compagnie qui, non seulement excelle dans l’exercice, mais ajoute à la proposition beaucoup de personnalité et de puissance qui passe par une incroyable présence sur scène et nous garderons longtemps en mémoire le visage de cette danseuse à la face, côté jardin, semblant à l’écoute du moindre souffle de la salle pour caller sa danse sur une énergie qu’elle attend avant de commencer…

C’est donc un magnifique spectacle qui nous a été offert. Voilà une compagnie qui marquera cette 76ème édition du Festival par sa générosité et son engagement. Espérons que ce maudit virus lui permettra de revenir et de tourner en France…

Emmanuel Serafini

Photo C. Raynaud de Lage

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