FESTIVAL D’AVIGNON : « LADY MAGMA », BACCHANALE DE BAC A SABLE
76e FESTIVAL D’AVIGNON. LADY MAGMA – Oona Doherty – 9 – 11 et 13/17-7 – Chartreuse de Villeneuve lez Avignon.
Revival Danse libre ?
La danseuse et chorégraphe britannique Oona Doherty (re)propose une nouvelle version post pandémie de sa pièce Lady Magma… un moment laborieux qui commençait plutôt bien.
Dans le paisible cloître de la Châtreuse de Villeneuve lez Avignon, la danseuse surgit, la tête enturbannée d’un tissu aux motifs typiques des années 70 et invite les spectateurs débout, surpris, à une (rapide et donc schématique) séance de connexion collective où chacun doit laisser ses fardeaux et complexes à la porte, plutôt à l’air libre ici, aboyer comme un chien ou hurler comme un loup, c’est selon, le tout arrosé d’un verre d’eau de vie – l’association de lutte contre l’alcoolisme appréciera… – vite menée, ce prologue donne en fait le ton de ce qui va suivre, à savoir beaucoup de choses posées schématiquement, qui restent en suspens pendant le spectacle en ne s’imposant à aucun moment.
La vie en plein air ne donne manifestement pas de but sérieux à ce projet qui peine à intéresser, malgré quelques moments de danse qui laissent deviner la connivence entre les danseuses, notamment ce mouvement d’ensemble très écrit où les six danseuses font preuve d’une belle énergie. Mais l’ensemble pourrait aller bien plus loin que ce qu’elles effleurent et le (re)travail de cette pièce, s’il a conduit Oona Doherty à retirer les costumes seventies, n’a pas permis de développer la matière, quitte à abandonner des séquences pour en approfondir d’autres.
Le côté bacchanale de bac à sable nous laisse froid. On ne croit pas une seconde que les danseuses prennent du plaisir à singer des états qu’elles ne traversent pas et les méthodes de transes collectives demandent bien plus d’engagement qu’une goulée de rosé avalée par une des danseuses – bonjour le cliché !
On regrette donc que tant de talent soit resté à l’état de larve alors que l’ensemble est porteur de bien des espoirs… Même le divin cloître n’est pas plus investi que cela et la communion avec le public recherchée par la chorégraphe ne fonctionne pas… les Ladys restent à leur état de Magma, dommage…
Emmanuel Serafini