FESTIVAL D’AVIGNON. « EN TRANSIT », EN ZONE ASEPTISEE

En Transit, Amir Reza Koohestani

En Transit, Amir Reza Koohestani

76e FESTIVAL D’AVIGNON. « En transit » – Mise en scène d’Amir Reza Koohestani – adapté du roman « Transit » d’Anna Seghers – Festival d’Avignon du 7 au 8 et du 10 au 14 juillet à 18h00 au Gymnase du Lycée Mistral.

En plein embarquement en direction de Santiago du Chili afin de présenter l’un de ses spectacles, le metteur en scène Amir Reza Koohestani se retrouve pris en 2018 dans un processus administratif frisant l’absurde. Sous prétexte qu’il a dépassé de 5 jours son visa dans l’espace Schengen, le metteur en scène doit s’acquitter d’une amende et attendre dans une zone blanche son expulsion vers l’Iran. Situation d’autant plus ubuesque qu’il est justement en train de lire le roman d’Anna Seghers « Transit ».

Côtoyant de véritables réfugiés qui risquaient tous les jours de tout perdre, Amir Reza Koohestani sait que lui, même expulsé, il retrouvera « un bon lit et un frigo plein ». Mais le souvenir de cette péripétie et le télescopage avec sa lecture d’alors le révolte un peu plus peu à peu. Comment pouvons-nous appliquer les mêmes règles absurdes d’une administration sourde à des hommes et femmes venus en Europe alors qu’il y a peu de temps ces mêmes règles étaient érigées en droit par des dictateurs ?

Jouant habilement de projections et d’une scénographie efficace d’Eric Soyer, Amir Reza Koohestani plonge le public dans les entrailles d’un aéroport et dans ses zones aseptisées dédiées aux futurs expulsés.

Le spectacle et l’adaptation entremêlent la grande et la petite histoire. Amir Reza Koohestani universalise son propos en ne faisant jouer que quatre comédiennes qui représentent tous les protagonistes de l’histoire, grande ou petite. Partant de l’axiome que ces quatre comédiennes représentent l’humanité et n’ont donc ni genre ni langue le dispositif peut se comprendre et atteindre son but mais on peut parfois rester perplexe quant à sa lisibilité. Même si le talent des comédiennes parvient à convaincre et à apporter de la fluidité à l’ensemble, les passages d’un personnage à l’autre sont parfois peu clairs et difficiles à suivre. Appuyant constamment sur la corde d’une histoire qui se répète, louable est de tenter de mettre en évidence l’absurdité d’une quelconque administration et le fait que vouloir fuir un pays en guerre vers un avenir meilleur devrait être un dû et non un espoir. Mais la comparaison souvent frontale entre un régime nazi et nos démocraties européennes qui, bien qu’imparfaites mais loin d’être aussi arbitraires que ne le laisse entendre le metteur en scène, paraît quand même osée.

Un spectacle qui aurait sûrement demandé plus de subtilité afin d’arriver véritablement à ses fins.

Pierre Salles

Photo Magali Dougados 

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