« TOUS DES OISEAUX », TENTATIVE DE PAIX DANS LE MEANDRE DES CONFLITS

Tous des oiseaux – texte et mes de Wajdi Mouawad – au Grand T de Nantes, du 12 au 19 octobre 2018. .

« L’identité n’est pas l’origine. Elle est seulement un rêve, une utopie »

Il y a cette bibliothèque New-Yorkaise où se rencontrent deux personnages. Un livre sur la table qui les rassemble et des calculs, des probabilités instables mais très scientifiques qui réunissent ou pas les êtres.

46 chromosomes coupables d’un héritage guerrier, sanguinaire, pourrissant sous le mensonge qu’on a appelé vérité. L’amour paisible que pourraient se partager deux jeunes adultes sur une autre terre. Puis en Israël, l’origine, le conflit, la violence qui frappent au nom de la guerre. Les secrets comme des bombes et les bombes qui éclatent et deviennent des douleurs enfermées dans les corps, dans les murs, dans le silence.

Sur scène les murs puissants et hauts du décor s’articulent pour passer d’un pays, d’un personnage, d’un moment à l’autre. Ils portent la traduction française, allemande, anglaise, arabe et hébraïque des langues échangées sur le plateau. Sans perdre le spectateur, la mobilité des murs pétrit notre imaginaire avec des mouvements précis.

Les chaises représentantes dociles de nos vies encadrées, mesurées dans les postures que l’on leurs a dictées éclatent contre les murs finalement. Nous sommes ici ou là, perdus, comme tout le monde entre les langues et les frontières ; le spectateur s’abandonne au vacarme des bombes et des avions.

Se dévoile un monde bordé de frontières que seuls les oiseaux amphibiens ont pris l’habitude de traverser.

C’est l’histoire que Wazzan (dit Léon l’Africain) nous livre à la fin de la pièce. Wazzan est joué par Jalal Altawil comédien et traducteur d’arabe classique que j’ai rencontré à la fin de a pièce.

Jalal Altawil est un Syrien, réfugié politique, en France depuis trois ans. Il postule pour le rôle et est invité à rejoindre la troupe. Pour lui c’est une expérience unique sur scène de rejoindre Wadji Mouawad ,Québécois aux origines Libanaises et sur scène quatre comédiens Israéliens. Il y a dans ces rencontres déjà quelque chose d’extraordinaire qui dépasse la logique implacable des dictateurs et des guerres. Jalal Altawil m’explique d’ailleurs que Wajdi Mouawad et lui ne pourront pas aller jouer en Israël en novembre parce que c’est interdit. « C’est de cela dont parle cette pièce » m’explique-t-il humblement.

Une tentative de paix dans le méandre des conflits.

Claire Burban

Photos Simon Gosselin

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