AMBRA SENATORE, « A POSTO » : UNE LÉGÈRE LIBERTÉ

Ambra Senatore – « A posto » – Centre Chorégraphique National de Nantes – jeudi 8 novembre 2018.

Ambra Senatore directrice du Centre Chorégraphique National de Nantes, représente A Posto, sept ans après sa création. Sur scène, cette pièce se fait en collaboration avec Caterina Basso aux côtés de Claudia Catarzi. Les séquences se superposent et le mouvement se démembre pour redonner corps à l’énigme.

Des amies se retrouvent en sautillant pour organiser un pique-nique champêtre sur le devant de la scène.

Des gestes familiers sont éparpillés sur le plateau, ils dépassent leurs fonctions pour devenir fragments, indices. Les postures étudiées, replacées, s’envisagent dans un autre axe, puisqu’elles cherchent dans l’incongruité de leurs positions, de leurs propositions à être exactes. Une vérité que l’on désire nous transmettre avec minutie, comme si, ce propos bancal et désordonné avait quelque chose d’intangible.

Certainement ! Et c’est ce que l’on découvre en additionnant les pièces égarées du puzzle gestuel que nous propose ces trois femmes élégantes.

La pertinence de leur beauté suggère à Ambra Senatore la fin de son polar absurde à ce qu’elle m’explique ; regarder ces belles silhouettes danser lui inspire un tout autre constat. Elle se remémore une phrase de sa professeur : « Il ne faut pas que ta beauté t’empêche d’être intelligente » C’est bien sûr humblement et avec une sorte de provocation candide que cette évidence sur le plateau se transforme avec habilité. Ce qu’on croyait charmant et un peu naïf finit par endosser un tout autre visage.

De légères querelles naissent avec violence dans les interactions qui se jouaient avant avec plénitude. Des objets s’échappent du plateau avec fracas. L’eau du thé ne s’écoule pas dans la tasse et les mains tombent dans le gâteau au chocolat.

On s’impatiente puisque ce désordre ne désarme pas ce calme apparent. L’histoire qu’on nous raconte commence à s’incarner. La danse est bavarde et l’on s’imagine qu’elle cherche à nous leurrer. Les corps se tétanisent, des insectes attaquent et des cris sautent sur les visages. Des éventuelles scènes de crimes prennent vies.

Une bande sonore échange en voix off des paroles fleuries de politesses pendant que l’on assiste à la transformation monstrueuse de ces trois femmes.

C’est avec un humour grinçant et une sorte de pudeur qu’Ambra Senatore laisse à notre disposition, des gestes, un crime, une histoire, un film, des éléments disjoints, au libre cours de nos interprétations.

J’y vois l’explosion de nos exigences physiques et de nos « outils à beauté » dans une nature que l’on cherche toujours à maitriser. Mais Il n’y a rien à encadrer dans cette pièce, dans l’échange entre la scène et le public ou l’essence du mouvement de cette chorégraphe ; tout est empreint d’une légère liberté.

Claire Burban

Les prochaines dates de tournées :
Promenade au musée
Création in situ au musée des Beaux-Arts de Bordeaux
Mercredi 12 décembre à 18h30 et 20h30
Giro di pista
Création de Marc Lacourt et d’Ambra Senator
Maison de la Musique de Nanterre
Dimanche 16 décembre à 16h30
Scena madre*
DSN Dieppe
Mardi 15 janvier à 20h
Scena madre*
MCB°, Scène nationale de Bourges
Jeudi 1er février et vendredi 1er mars à 20h
– Nos amours bêtes
Maison de la Musique de Nanterre
Samedi 26 janvier – 18h

Crédit : Viola Berlan

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