« CATARINA E A BELEZA DE MATAR FASCISTAS », UN TIAGO RODRIGUES INCENDIAIRE
Posted by infernolaredaction on 6 octobre 2020 · Laissez un commentaire
Lausanne, correspondance
«Catarina e a beleza de matar fascistas (Catarina et la beauté de tuer des fascistes)» de Tiago Rodrigues -Du 30 septembre au 3 octobre au Théâtre de Vidy-Lausanne, puis à Toulouse, Cherbourg, Paris (Festival d’Automne, Théâtre des Bouffes du Nord du 26 nov. au 19 dec.) etc. – En portugais, surtitres en français et anglais.
Vous souhaitez un théâtre intelligent et divertissant à la fois? Vous voudriez être dépaysé tout en étant relié à notre temps? Vous vous interrogez sur l’avenir des démocraties? Sur la montée du populisme? Vous signez des pétitions? Vous êtes révoltés par les propos fascistes? Vous doutez de vos convictions? Ou au contraire, vous êtes persuadé d’avoir raison? Vous détestez les donneurs de leçon mais vous adorez les histoires?
Voici ce qu’il vous faut: le formidable nouveau spectacle du génial Tiago Rodrigues.
Il était une fois une famille où tous et toutes se nomment Catarina, où toutes et tous sont vêtus de longues jupes traditionnelles, une famille de paysans dont les plus jeunes étudient à la ville. Ce jour-là, les Catarina se réunissent pour un repas familial. Depuis plus de 70 ans, chaque année à cette date, l’une d’entre elles est désignée pour tuer un fasciste.
La famille compte sept Catarina de trois générations. Sans compter l’ancêtre disparue, la Catarina d’origine, celle dont la tragédie a conduit à l’inscription de ce rituel familial. Cette année, c’est au tour de Catarina, la fille préférée, de passer à l’acte. Sa première fois. Un jour de fête, un rite célébré et attendu par tous les membres du clan.
Le sol est terreux. Au centre du plateau, une cabane de bois surélevée, comme phagocytée par un énorme chêne-liège: c’est le foyer, l’origine, les racines. D’un côté, une longue table garnie attend les convives. Pour l’instant, il n’y en a qu’un, en bout de table, silencieux et incongru, dans une tenue de ville.
Durant les presque trois heures que dure la représentation, pas un instant d’ennui. Entre humour et gravité, philosophie et politique, réalité et fiction, cet essai, ce conte initiatique, nous entraîne dans une spirale de récits, de questions, de situations, tous plus passionnants les uns que les autres.
« De quelle façon les démagogues populistes d’extrême droite, déjà habitués à exploiter la peur et le malheur, vont-ils exercer leur opportunisme politique face à la pandémie et à l’inévitable récession économique qui bientôt se fera sentir? Dans quelle mesure le sentiment d’impuissance des démocraties va-t-il s’aggraver face à la présence de ces hôtes indésirables qui déploient leurs rhétoriques xénophobes et autoritaires, en invoquant la valeur fondamentale de la liberté d’expression? Quels types de violence systémique donneront lieu à de violentes éruptions d’indignation? À quel point le déchirement jalonnera les mêmes sociétés qui choisissent aujourd’hui la solidarité et le consensus comme moyen de combattre la crise? À quel point la diversité de convictions qui nourrit la démocratie sera-t-elle menacée par l’unanimisme ou le totalitarisme? Combien de temps passera-t-il avant que des peuples vivant aujourd’hui démocratiquement ne se rendent-ils pas disponibles pour envisager d’accepter des dictatures exceptionnelles pour résoudre des problèmes exceptionnels? » Tiago Rodrigues, note d’intention du spectacle.
Non seulement le propos est intelligent et sensible, mais le scénario est palpitant, la mise en scène incroyablement vivante et inventive. Le décor se meut avec l’action grâce à des parois mobiles déplacées à vue. Un subtil jeu de lumière s’immisce entre les murs du foyer. La musique et le chant choral corroborent l’intrigue, renforcés par des moments de chorégraphie. L’interprétation de chaque comédien est formidable d’intensité.
Alors, oui, le public doit être concentré, il doit apprécier un texte exigeant émaillé de dialogues loquaces et goûter aux diverses argumentations. Et figurez-vous que tout cela fonctionne à merveille! Car, face au dilemme moral et affectif de l’élue, chaque spectateur se fait sa propre idée… Mais c’est sans compter un dénouement magistral qui nous ébranle et nous transformerait presque de docte Jekyll en Hyde prêt à toutes les dérives…
Vivement une publication en français du texte de cette pièce incendiaire!
Martine Fehlbaum,
à Lausanne
En tournée :
Toulouse Théâtre de la Cité – CDN
Du 03/11/20 au 07/11/20
Paris Théâtre des Bouffes du Nord
Du 26/11/20 au 19/12/20
En partenariat avec Festival d’Automne à Paris
Modena Teatro Storchi
Du 30/01/21 au 31/01/21
Barcelone Teatre Lliure
Du 05/02/21 au 06/02/21
Rome Teatro Argentina di Roma
Du 25/02/21 au 28/02/21
Liège Théâtre de Liège
Du 28/03/21 au 01/04/21
Lisbonne Teatro Nacional Dona Maria II
Du 07/04/21 au 25/04/21
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