TRIBUNE : « PRIX MARCEL DUCHAMP 2020 », PAUVRE MARCEL, NE TE RETOURNE SURTOUT PAS !

TRIBUNE. PRIX MARCEL DUCHAMP 2020 – Centre Pompidou, Paris – 7 oct. 2020 – 4 janv. 2021 de 11h à 21h.

Comme chaque année, le « Prix Marcel Duchamp » honore -on ne sait sur quels critères- quelques « jeunes » artistes émergents de la scène artistique nationale. Et uniquement nationale, soulignons-le.

On ne sait vraiment pourquoi ce « prix » fait référence à l’illustre Marcel, découvreur intrépide, révolutionnaire actif de la cause artistique… A moins que cela ne soit, complexe bien franco-français vis à vis de l’Amérique – allusion à son long séjour new-yorkais qui l’a vu se faire cocooner par une cohorte d’aristocrates nantis et en profiter, au fil de sa longue oisiveté outre-Atlantique, pour asseoir, en dilettante averti et assumé, sa réputation de joueur d’échecs hors-pair…

Bref, voici 20 ans que le PMD officie -au miroir d’un autre très grand prix international beaucoup plus ancien et respecté certes, le Turner, pour ne pas le nommer – récompensant le carnet d’adresses des prescripteurs de la coterie officielle que sont conservateurs, commissaires d’expos, critiques, directeurs d’écoles d’art, et autres galeristes ayant pignon sur la place internationale, poussant ainsi à leur avantage quelques heureux élus devant les projecteurs.

Cette année donc, Alice Anderson, performeuse poussive ayant raté sa vocation de danseuse, Hicham Berrada, poulain sur-médiatisé de la galerie tout aussi médiatique  Kamel Mennour, Kapwani Kiwanga, représenté par la Goodman Gallery, présente à Johannesbourg, Le Cap et Londres (…) et Enrique Ramírez, représenté lui par la galerie Michel Rein, Paris & Bruxelles… Et peut-être (sans doute) le seul artiste intéressant de cette pseudo-sélection. En tout cas, rassurons-nous, tous vivent bel et bien en France, ce qui les absout de toute « dérogation » au Prix MD.

Bref, rien de vraiment bien bandant, mais en revanche assurément une sélection de « produits » en devenir, fort bankables pour les entreprises qui les représentent et les opérateurs culturels qui les incluent dans leurs programmes prochains. A l’instar du Goncourt pour les écrivains, ce ne sont pas les meilleurs qui y arrivent, mais bien ceux qui sont le plus soutenus… L’Art contemporain français s’enlise dans le copinage et la médiocrité institutionnelle et marchande. C’est tout simplement désolant.

On ignore qui remportera ce « prestigieux » prix qui ne fait mouiller personne si ce n’est leurs marchands, mais on s’en fiche : de toutes façons, ce ne seront que de purs produits du libéralisme outré -et le reflet du carriérisme de nos institutionnels- à l’oeuvre dans ce milieu fort rance de l’art français.

Amen. Que le « meilleur » gagne.

Marc Roudier

COMMUNIQUE DE PRESSE :
Créé en 2000 pour mettre en lumière le foisonnement créatif de la scène artistique française, le Prix Marcel Duchamp a pour ambition de distinguer les artistes les plus représentatifs de leur génération et de promouvoir à l’international la diversité des pratiques aujourd’hui à l’œuvre en France.

Ce partenariat fidèle entre l’ADIAF (Association pour la diffusion internationale de l’art français) et le Centre Pompidou s’inscrit résolument dans une volonté de mettre en valeur la scène française auprès du plus grand nombre et, dans le contexte actuel, de réaffirmer notre soutien à ces artistes. La crise sanitaire que nous vivons ne saurait réduire la création au silence.

L’année 2020 marque également le 20e anniversaire du Prix Marcel Duchamp. 20 ans, 20 éditions, plus de 80 artistes nommés, une cinquantaine d’expositions organisées par l’ADIAF à travers le monde… Le Centre Pompidou proposera une sélection d’œuvres des lauréats au sein d’un parcours dédié au Musée national d’art moderne, niveau 4 à partir du 21 octobre 2020.

Alice Anderson
Née en 1972 à Alfortville (France) – Vit et travaille à Londres
Représentée par la galerie Valérie Bach – La Patinoire Royale, Bruxelles
Les œuvres présentées au Centre Pompidou ont été créées lors de danses-performances, au cœur de l’œuvre d’Alice Anderson, au cours desquelles l’artiste peint avec de la couleur ou tisse avec du fil de cuivre, symbole de la connectivité́ numérique. Ces danses-performances, tantôt fulgurantes, tantôt méditatives, lui font atteindre un niveau de conscience presque oublié. En activant par des gestes précis certains objets technologiques, Alice Anderson les « mémorise » et les sacralise. Dans ces « danses géométriques », elle établit une communication profonde avec la toile.

Hicham Berrada
Né en 1986 à Casablanca (Maroc), vit et travaille à Paris et à Roubaix (France)
Représenté par la galerie kamel Mennour, Paris/Londres
Hicham Berrada s’inspire de protocoles scientifiques pour explorer des phénomènes comme le chaud, le froid, le magnétisme, la lumière. En 2007, il commence sa série « Présages », réalisée à partir de produits chimiques plongés dans des béchers ou des aquariums, dont il retranscrit les réactions à travers une variété de médiums – images en mouvement, sculptures, photographies. En 2017, lors d’une exposition au Fresnoy, Hicham Berrada projette un « Présage » sur une paroi semi-circulaire. C’est ce dispositif immersif qu’il reprend dans son projet pour le prix Marcel Duchamp. L’univers en développement résultant de l’expérience chimique est donné à vivre comme si le public se tenait au cœur du laboratoire.

Kapwani Kiwanga
Née en 1978 à Hamilton (Canada) – Vit et travaille à Paris
Représentée par les galeries Poggi, Paris ; Goodman Gallery, Johannesbourg, Le Cap et Londres ; galerie Tanja Wagner, Berlin
Kapwani Kiwanga utilise des méthodes issues des sciences sociales pour déconstruire les récits qui nourrissent la vision de la sphère géopolitique contemporaine. Le projet « Flowers for Africa », présenté pour prix Marcel Duchamp 2020, initié en 2013 lors d’une résidence au Sénégal, se poursuit encore aujourd’hui. En effectuant des recherches iconographiques, l’artiste s’est concentrée sur la présence des fleurs lors des événements diplomatiques liés à l’indépendance des pays africains. Disposées sur les tables des négociations, sur les estrades ou bien lors de parades, ces compositions florales deviennent des témoignages de ces moments historiques.

Enrique Ramírez
Né en 1979 à Santiago (Chili), vit et travaille en France
Représenté par les galeries Michel Rein, Paris/Bruxelles ; Die Ecke, Santiago
Enrique Ramírez aborde à travers l’installation, la vidéo et la photographie, des sujets universels liés à son parcours personnel : les voyages, l’immigration, les aléas de l’histoire, la construction de la mémoire… Les vastes paysages qu’explore son œuvre sont conçus comme des espaces géo-poétiques destinés à susciter l’imagination, des territoires ouverts à la déambulation mentale. Le projet présenté par Enrique Ramírez dans le cadre du prix Marcel Duchamp 2020, « Incertains », réaffirme l’idée de l’art comme questionnement du monde. Il invite à imaginer le regard comme doté du pouvoir de franchir les obstacles et pénétrer les profondeurs de l’histoire.

Image: Enrique Ramirez, Un hombre que camina – copyright the artist

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