MA MARSEILLAISE : DARINA AL JOUNDI ECLATANTE DE SINCERITE

AVIGNON 2012 : Ma Marseillaise / de et avec Darina Al Joundi / mes Alain Timar / Création 2012 / au Théâtre des Halles jusqu’au 28 juillet.

Alain Timar met en scène Darina Al Joundi au Théâtre des Halles, avec laquelle il avait déjà monté le très beau « Le jour où Nina Simone a cessé de chanter » en 2007. Un opus autobiographique de la comédienne et auteure libanaise autour de la difficulté à s’installer définitivement dans notre cher pays si accueillant pour les étrangers, dans lequel l’émouvante Darina Al Joundi éclate de présence et de sincérité.

Cette charge -en douceur mais efficace- contre l’absurdité bureaucratique et les préjugés de toutes sortes se révèle un beau moment de théâtre, touché par la grâce incontestable de la comédienne. Darina Al Joundi incarne son propre rôle, celui d’une comédienne travaillant depuis longtemps ici et ailleurs, ballottée entre les refus à demi voilés et les humiliations que lui inflige une administration aveugle à sa détresse et à sa volonté farouche de naturalisation. Un état de fait malheureusement bien trop habituel pour ces exilés par choix, dont l’unique « défaut » est de bien trop aimer la France et vouloir y bâtir une nouvelle vie.

D’autant que lorsque l’on est une femme, arabe, et comédienne de surcroit – une saltimbanque- l’on a vite fait de vous attribuer toutes sortes de qualificatifs douteux, puisant dans un fonds de préjugés qui ont la peau dure. Pour une Darina Al Joundi, ceci est d’autant plus insupportable qu’elle a fui ce Liban tant aimé à cause de ces mêmes préjugés et interdits, elle que l’on considère dans ces pays musulmans imprégnés d’une idéologie rétrograde comme forcément dangereuse et insconstante, sa triple qualité de femme, libre et artiste suffisant à la discréditer aux yeux d’une société dévorée par sa soumission dévote aux injonctions d’un Islam obscurantiste.

Libre, Darina Al Joundi l’est assurément. Et si elle charge l’absurdité du système d’accueil des étrangers en France, elle n’oublie pas non plus, avec une force et une vérité rare, de dénoncer ces idéologies religieuses qui asphyxient les femmes, barrant la route à toute émancipation d’une société arabe figée dans ses archaismes.

Alain Timar la met en scène avec une sobriété remarquable, comme bien souvent, laissant s’exprimer tout le talent et la force de conviction de la comédienne. Le texte est beau, les mots portent, Darina Al Joundi resplendit de présence. Une interprétation au cordeau, portée par une grande émotion qui insuffle à cette Marseillaise la vigueur et la justesse qu’elle mérite. Une belle oeuvre, que l’actualité, le sens politique et l’humanité rendent parfaitement nécessaire.

Marc Roudier

Visuels : Darina Al Joundi / Phtos DR.

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