LES BALLETS DE BALI A LA BIENNALE DE LYON

XVe BIENNALE DE DANSE DE LYON : Ballets de Bali : La Troupe des artistes de Sebatu – Bali.

Jean-Luc et Chantel Larguier sont des producteurs heureux. Ils présentent un peu partout en France les danseurs et musiciens traditionnels de Sébatu (situé sur l’île de Bali). Avec la régularité d’un banquier suisse, tous les dix ans (1972, 1982, 1992, 2000 et 2012) la troupe vient présenter en France sa nouvelle création.

Pour la quinzième biennale de la danse de Lyon, ils proposent trois formes : une nuit Balinaise et deux formes plus intimistes : une pièce de Gambuh (théâtre traditionnel) présentée au conservatoire et un florilège de danses des années 20 joué devant le théâtre des Céléstins.

Ce projet laisse perplexe. Autant il est important que les arts traditionnels puissent être joués, montrés partout dans le monde, autant il est énervant de ne nous montrer que cela. Pourquoi ne voit on jamais de danse balinaise contemporaine ? Comme si le seul art français qui pouvait s’exporter dans le monde serait le théâtre de Guignol (qui est une forme traditonnelle, jouée sans discontinuité à Lyon depuis plusieurs siècles). Mais tellement daté et réducteur. C’est aussi le cas pour Le Gambuh, la représentation des origines. La pièce repose sur des personnages typés que l’on connait bien en occident : la servante espiègle, les jeunes premiers, un roi tout puissant accompagné de son bouffon… Aucune surprise, aucun émoi, la dernière scène -qui représente un combat entre les deux rois voisins- est même très proche du ridicule. Le seul intérêt du spectacle repose dans la magnificence des costumes. Quel dommage, dans une France débarrassée de son bling-bling et dans un art qui a su oublier les accessoires pour se concentrer sur l’essentiel, de ne nous montrer de Bali que la dansaille pour touristes avec tous les relents colonisateurs qui se dégagent de ce genre de zoo culturel.

La pièce laisse en bouche le goût étrange d’un orient resté bloqué dans le passé quand l’occident a une longueur d’avance. Le contraste est encore plus rude du fait de la salle. On ne comprend pas pourquoi ce spectacle est présenté au Conservatoire, le lieu de la modernité, de l’émergence d’une nouvelle génération d’artistes. Autant le cadre du spectacle « Les danses solistes Bali – Années 20 » -le parvis du théâtre- était verdoyant et imposant, autant l’amphithéâtre du CNSMD est tout ce qu’il y a de plus austère. Les costumes mordorés n’en sont que plus déplacés.

A la sortie, deux dames courbées sous le poids de leurs quincailleries s’extasiaient de voir les artistes partir en taxi, habillés de jeans et casquettes. « Quand on les voit comme ça, on ne les reconnaîtrait pas » s’écrièrent-elles. Eux non plus ne doivent pas vraiment se reconnaître dans cette reconstitution bien pensante (et bien lucrative) de théâtre traditionnel.

Bruno Paternot

XVe BIENNALE DE DANSE DE LYON / Du 13 au 30 septembre 2012.

LIRE AUSSI NOTRE DOSSIER BIENNALE DE DANSE DE LYON  : https://inferno-magazine.com/category/biennale-de-danse-de-lyon-2/

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