FESTIVAL D’HISTOIRE DE L’ART : INTERVIEW JEAN PAUL FELLEY & OLIVIER KAESER

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FESTIVAL d’HISTOIRE DE L’ART / Fontainebleau / 30 mai-1er juin 2014 / INTERVIEW Jean-Paul Felley et Olivier Kaeser, directeurs du Centre Culturel Suisse.

Un week-end de conférences, tables rondes, rencontres, projections, concerts et performances commence au Château de Fontainebleau. A la veille du coup d’envoi du festival de l’Histoire de l’Art qui met cette année à l’honneur la Suisse, nous avons rencontré Olivier Kaeser et Jean-Paul Felley, directeurs du Centre Culturel Suisse. Parfaite occasion de revenir sur la politique de programmation d’une institution qui a su trouver sa place dans les réseaux d’art contemporain de la capitale : théâtre, danse, musiques actuelles, graphisme… Démarrée fin avril, l’exposition d’Adrien Missika, Amexica, qui déploie des spectaculaires perspectives aériennes au long de la frontière américano-mexicaine, sera accessible au public jusqu’à la mi-juillet.

Inferno : La Suisse est le pays invité de cette quatrième édition du festival d’Histoire de l’Art. En tant que directeurs du Centre Culturel Suisse, vous avez participé de manière active à la programmation.

Olivier Kaeser : La directrice du festival nous a contacté assez vite. Nous avions plusieurs pistes possibles. Parallèlement à cela, elle a pris contact avec de nombreux autres interlocuteurs, en Suisse comme en France. Nous nous sommes retrouvés fin décembre avec des informations qui venaient de plusieurs sources et nous nous sommes rendu compte qu’il y avait déjà beaucoup de personnes impliquées, surtout du milieu universitaire, des professeurs, des chercheurs. Nous avons souhaité développer des projets plus liés au contemporain, qui ne soient pas de la même veine qu’une présentation académique. Nous avions plusieurs options, au final il n’en reste que deux.

Tout d’abord, une table ronde sur la situation de Bâle, qui est, du point de vue de la collection – l’autre thématique du festival – un cas des plus intéressants : les collections d’art y sont très riches, le privé y joue un rôle très important et la majeure partie de ces collections ont abouti à des institutions qui les présentent. Nous avons sollicité, pour cette discussion, Samuel Herzog, journaliste à Neue Zürcher Zeitung, Martin Schwander, commissaire invité à la fondation Beleyer et Axel Christoph Gampp, professeur à l’école d’art de Berne et à l’université de Bâle. Mais ce qui va le plus déroger, du côté universitaire, c’est la présence de Samuel Hertzog, critique d’art, qui a aussi une face cachée d’artiste.

Jean-Paul Felley : L’autre proposition se situe dans le champ performatif. L’artiste genevois Aurélien Gamboni, dont le père donne d’ailleurs plusieurs conférences dans le cadre du festival en tant que professeur à l’Ecole d’art de Genève, présentera une performance intitulée On balls ans brains, qui prend la forme d’une conférence enquête avec comme point de départ L’Escamoteur de Jérôme Bosch. Nous sommes en plein dans l’histoire de l’art avec un artiste contemporain qui propose une performance.

Olivier Kaeser : Ce tableau de Jérôme Bosch est coupé du public depuis 30 ans parce qu’il est conservé dans un musée à Saint Germain-en-Laye dont il ne sort malheureusement pas, il n’est jamais prêté… Aurélien Gamboni s’est attaché à ce tableau et a tissé quantité de liens avec des choses liées à la société contemporaine. Il construit une sorte de fable, à la fois histoire de l’art, enquête policière, investigation et poésie.

Inferno : Comment le Centre Culturel Suisse a t-il trouvé sa place dans le paysage artistique parisien, qui propose déjà une offre très dense ?

Olivier Kaeser : Le Centre Culturel Suisse, depuis l’ère de Michel Ritter, fondateur par ailleurs du centre culturel Fri Art à Fribourg, s’est considérablement renforcé du point de vue de sa programmation et de son inscription dans un réseau d’art contemporain. En fonction des différents directeurs, il y a eu des périodes où l’accent a été mis davantage sur le théâtre, les arts scéniques… Entre 2002 et 2007 le Centre s’est inscrit dans un réseau très observé, très apprécié de l’art contemporain. Nous avons repris le flambeau, tout en essayant de travailler à la visibilité et la mise en réseaux des autres disciplines.

Jean-Paul Felley : Depuis le début de notre mandat nous avons encore davantage mis l’accent sur le contemporain, tous domaines confondus. Nous programmons également des conférences d’architecture, de graphisme, parfois des soirées de cinéma et de littérature. D’ailleurs, il y aura une soirée littéraire tout prochainement.

Olivier Kaeser : Nous nous situons plus dans un réseau des centres d’art, des musées, des fondations, très prisé par les amateurs d’art contemporain.

Jean-Paul Felley : Il faut préciser que le Centre Culturel Suisse, à la différence de la plupart d’autres centres culturels, ne dépend pas de l’ambassade du pays, nous ne sommes pas des diplomates, nous ne sommes pas le soft power. Nous sommes très indépendants, liés à la fondation ProHelvetia. Cela nous libère de beaucoup des pressions que peuvent avoir d’autres centres quand ils dépendent d’une ambassade. Nous avons la main libre sur la programmation.

Olivier Kaeser : Notre principal champ d’investigation est la Suisse, même si nous travaillons régulièrement avec des artistes qui vivent à Berlin ou à Londres ou ailleurs. Notre champ d’action et de diffusion est Paris. Nous avons donc une activité de balancier entre la Suisse et Paris, prenant d’un côté et donnant de l’autre, avec parfois des projets que nous coproduisons ici à Paris et qui sont repris par la suite en Suisse. Par exemple, pour le spectacle vivant, nous ne sommes pas seulement un lieu de diffusion, mais aussi de coproduction, pour faire rayonner la culture contemporaine Suisse de la meilleure des manières.

Inferno : Pouvez vous nous dévoiler les grandes lignes de la programmation du Centre Culturel Suisse pour la saison prochaine ?

Olivier Kaeser : Nous allons démarrer la saison avec les expositions de Miriam Cahn et Alexandra Navratil. Côté danse, Nicole Seiler, coté théâtre Laetitia Dosch et Patrick Laffont. En musique/arts visuels, nous programmerons Julien Sartorius avec Eric Hattan et Philippe Decreuzat avec Alan Licht. Vous trouverez plus d’informations dans notre journal, Le Phare.

Propos recueillis par Smaranda Olcèse

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Visuels : Aurélien Gamboni, On balls and brains (détail) / Adrien Missika, Santa Teresa (Amexica), 2014. © Adrien Missika

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