BERLIN, « FLUIDS », A TRIBUTE TO ALLAN KAPROW

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Berlin, envoyée spéciale.
Fluids, A Happening by Allan Kaprow 1967/2015, dans le cadre du projet curatorial Image of a City, Berlin / Neue Nationalgalerie, jardin public dans le quartier Moabit, Potsdamer Platz, abc art berlin contemporary, Berlinische Galerie, Deutsche Bank KunstHalle, Hamburger Bahnhof, KW Institute for Contemporary Art.

Le soleil approche le zénith quand les premiers blocs de glace sont posés sur l’esplanade de la Neue Nationalgalerie, pour y ériger une structure rectangulaire d’environ 9 mètres sur 3 et 2,4 m d’hauteur, avant d’être laissés en proie aux éléments. Fluids, happening iconique d’Allan Kaprow irrigue la ville en ce beau début d’automne. Les curateurs Udo Kittelmann et Lisa Marei Schmidt ont invité plusieurs artistes ou collectifs basés à Berlin à revisiter cette pièce des années 60 où le pionnier américain se rebellait contre la suprématie de l’objet et posait les questions essentielles de la matérialité, de la temporalité et de l’implication du public dans le geste artistique. Allan Kaprow concevait Fluids non pas en tant qu’œuvre originale ou permanente, mais davantage comme idée dont les futures réitérations allaient démultiplier ses significations.

Ainsi, dans le quartier Moabit, Antje Majewski s’empare du protocole initial en rassemblant un groupe d’artistes intéressés par sa dimension politique, activiste et participative. Il s’agit de remplir, avec l’aide des habitants du voisinage, la surface susceptible d’être occupée par la construction de glace avec des objets utiles au quotidien : plantes, livres, ou autres vêtements pour une sculpture give and take.

Fidèles à la déclaration d’intentions conceptuelle de Lawrence Weiner – the piece need not be built –, les membres du collectif STADT IM REGAL montent dans des zones névralgiques de la ville, dans des lieux de changement, d’histoire, de transition et de disparition, des panneaux de construction sur lesquels ils reprennent le texte de Kaprow.

Alexandra Pirici, artiste venue du champ chorégraphique, continue ses recherches sur la relation du corps humain avec les monuments dans l’espace public et invite les participants à devenir le matériau même du happening. Ainsi, sur la Potsdamer Platz, quelques 70 performers vont occuper le même espace que la construction de glace imaginée par Kaprow et la durée de la pièce sera déterminée par l’épuisement des volontaires. L’effort physique est décliné dans un acte de pure présence à même de faire corps et de se cristalliser dans un espace-temps donné dans le tissu urbain.

La version d’Ahmet Öğüt, s’inscrit, quant à elle, dans le registre de l’anodin, One Ordinary Happening, dira l’artiste. A la place des structures de glace d’Allan Kaprow, scintillantes sous le soleil de septembre, il fait installer le même volume d’eau mais en bouteilles, autant d’invitations aux visiteurs à s’en emparer à leur tour et à réaliser leur propre happening. A l’heure où la Berlin Art Week bat son plein, ces réserves d’eau placées dans des endroits stratégiques tels abc art berlin contemporary, Berlinische Galerie, Deutsche Bank KunstHalle, Hamburger Bahnhof ou encore KW Institute for Contemporary Art, constituent d’inestimables ressources vouées à irriguer le tissu urbain, à travers les différents déplacements dans lesquels on les entraine, et plus décisivement les tissus organiques de chaque participants.

Smaranda Olcèse,
à Berlin

pirici

ogut

visuels :
1/ Allan Kaprow, Fluids, 1967, Courtesy Allan Kaprow Estate and Hauser & Wirth, © Photo: Julian Wasser
2/ Version d’Alexandra Pirici © Courtesy Allan Kaprow Estate and Hauser & Wirth, Photo: Thomas Bruns
3/ Version d’Ahmet Öğüt © Courtesy Allan Kaprow Estate and Hauser & Wirth, Photo: Thomas Bruns

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