CARSTEN HÖLLER, DEALER SCIENTIFIQUE A MILAN

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Milan, correspondance.
Carsten Höller / Hangar Bicocca, Milan / 7 avril – 31 juillet 2016.

Le Belge d’origine allemande Carsten Höller succède à Parreno au Hangar Bicocca avec l’exposition « Doubt ». Sous la direction de Vicente Todolì, la Fondation Pirelli continue avec la même génération d’artistes durant la foire de Milan (Miart) inaugurée le 7 Avril.

Höller nous invite à entrer dans son parc d’attractions plongé dans le noir à travers un long labyrinthe, déconseillé aux claustrophobes dès l’entrée du musée. À la sortie du labyrinthe (un échafaudage en acier), clin d’œil à Parreno avec une de ses Marquees clignotantes restée là, parfaitement intégrée et encore à sa place dans le monde de Höller. Puis tout de suite une des premières signatures de Höller, l’Aquarium en plexiglass aux banquettes incorporées qui nous invite à nous allonger le temps de se replonger à la découverte d’autres attractions installées en enfilade jusqu’à la dernière pièce, Two Roaming Beds, une salle aux lits de contention motorisés où le public peut tenter de défier le stress optique de puissants stroboscopes et, qui sait, peut-être réussir à se détendre.

Après l’Aquarium, on a Flying Mushrooms, des champignons hallucinogènes géants, vénéneux rien qu’à les regarder, vénérés ici comme symboles d’une époque d’excès que Höller et sa génération veulent à tout prix légitimer. On a ensuite deux pièces similaires Revolving Doors et Double Neon Elevator, les plus scientifiquement recherchées – nous rappelant la formation scientifique de Höller, spécialiste d’Écologie chimique outre qu’artiste: des blocs modulables de néons ou de miroirs, reposants.

On passe après à l’Afrique avec la maquette colorée et ludique Monument à la Sape et le film Fara Fara tourné au Ghana où Höller réside quand il n’est pas en Suède.

On arrive à la pièce centrale de l’exposition, très scénographique: le Double Caroussel prêté par Enel (l’EDF italien) flanqué par Two Flying Machines, des bras mécaniques où se faire suspendre et tournoyer à quelques mètres de hauteur.

Au fond du hangar, Phi Wall II, un grand mur lumineux digital et à pois qui donne une touche de délicatesse au parcours de l’exposition.

Seul hic: si dans la fête foraine de Höller le public est en fait invité à dérégler ses sens méthodiquement et si l’exposition est pensée comme un trip assisté, la vidéoinstallation Twins, avec ses vieux téléviseurs doubles, est de trop et plutôt hors-sujet ici.

L’exposition de Höller a le potentiel d’une clinique de sensations où les machines des fêtes foraines deviennent un véritable équipement médical. Pirelli prend d’ailleurs toutes ses précautions et met même à disposition des pompiers en combinaison qui errent parmi le public (très chorégraphiques sans le vouloir): pourquoi pas des infirmiers en blouse blanche directement ? Malheureusement Höller n’est pas le seul artiste à se laisser distraire par sa propre esthétique, sans doute parce qu’il n’assume pas ou n’a pas cerné le point fort de sa recherche?

Raja El Fani.
à Milan

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Photos Raja El Fani

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