FESTIVAL D’AVIGNON. DADA MASILO, « LE SACRIFICE » : TOUS DERRIERE ET ELLE DEVANT !


76e FESTIVAL D’AVIGNON. LE SACRIFICE – Dada Masilo – 18 – 20/ 22 – 25/07/22 – Cour du Lycée St Joseph.

TOUS DERRIERE ET ELLE DEVANT !

Dans le programme de salle du spectacle, Dada Masilo confie à notre consœur Moïra Dalant qu’avec cette pièce, il s’agit pour elle de « raconter une purge » et, de ce côté, on a été servis… car Le sacrifice, soi- disant inspiré du Sacre du printemps, est un interminable spectacle de danse au kilomètre, certes, très technique du point de la gestuelle comme de l’écriture du ballet, mais lourd et long, quasi pompier…

La chorégraphe sud-africaine a fait simple. Cinq pendrillons de chaque côté, deux au lointain pour assurer un semblant de coulisses. La projection d’un arbre déplumé, qui ne bouge pas pendant toute la pièce, ce qui semble assez incongru étant donné qu’on parle du Sacre du printemps… Les musiciens sont déjà là, à jardin, lorsque surgit, seins nus, Dada Masilo herself qui entame un solo fait de projections de bras, ondulations du bassin, bruits de vent et entrelacs des mains. Elle avance lentement vers le lointain jardin et une imposante chanteuse entre en scène avec ce que je pense être un œuf d’autruche sur la tête, mais allez savoir…

Les dix danseurs font leur entrée. Dada Masilo pense que la danse doit être ensemble et aller vite… c’est le cas. C’est un groupe qui se donne à fond avec la musique « live » sur scène… mais pour quoi faire ?… A part une interjection comique d’une danseuse qui demande au musicien « d’aller moins vite », on est d’accord avec elle…

Tout cela semble vain et à part de dire que « c’est assez joli », ce qui est court… La musique jazzy accompagne le tout… Et Dada Masilo revient de nouveau en solo, c’est un peu comme la chanson du Petit cheval blanc de Brassens : tous derrière et elle devant…

La chorégraphe osera une partie entièrement dansée par des hommes, un trio de femmes avec tige d’arum… L’une d’entre elle parle – pas de surtitre, on parle tous parfaitement sa langue, c’est bien connu ! – les pantalons larges blancs font leur entrée… solo de Dada Masilo again ! et on constate qu’elle aime bien être torse nu… pourquoi ça, on ne se l’explique pas…

Comme on dit parfois que ce qu’on écoute est « de la musique d’ascenseur », ici le systématisme de l’écriture fait penser à de la « danse d’ascenseur » répétitive, exécutée parfaitement mais vide de sens… pour finir sur un porté – je vous le donne dans le mille ! – de Dada Masilo et les autres danseurs… la regardent survoler la terre… comme de bien entendu !

Cette pièce n’est pas très inspirée. Après avoir été une Carmen violée – ce n’était déjà pas crédible comme transposition, mais bon – la voici sacrifiée. C’est lourd, très formel et la chorégraphe, sorte de femme – enfant au physique sans âge, peine à nous passionner, ce d’autant plus que l’année dernière, dans la même salle, était donné le passionnant Any attempt will end in crushed bodies and shattered bones du talentueux Jan Martens qui nous permet de voir le chemin qu’il reste à parcourir à Dada Masilo pour sortir de ce formalisme de ballet, qu’elle affectionne et revendique,  qui doit la rassurer, mais qui ennuie vivement…

Emmanuel Serafini

Photo C. Raynaud de Lage

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