« LÀ OÙ JE CROYAIS ÊTRE IL N’Y AVAIT PERSONNE » : MATERIAUX DURAS
76e FESTIVAL D’AVIGNON. « LÀ OÙ JE CROYAIS ÊTRE IL N’Y AVAIT PERSONNE » – Anaïs Muller & Bertrand Poncet – Cour du Lycée St Joseph – 22 – 25/07/22.
MATERIAUX DURAS
Finalement décevant ce récent Prix Impatience, le concours parisien pour dénicher des Compagnies, présenté cette année dans le Gymnase du Lycée St Joseph ; d’autant plus décevant que lors de la première initiative similaire, nous avions découvert « Pale Blue Dot » d’Etienne Gaudillère, intéressante saga sur le scandale Wikileaks.
Ici, il s’agit de singer MDMA alias Marguerite Duras, non seulement son style, son personnage, mais aussi ses silences… Le spectacle débute avec une sorte de coup de théâtre où les auteurs et comédiens annoncent qu’ils ne vont pas jouer « Là où je croyais être il n’y avait personne », mais « L’homme sans qualité » de Robert Musil… et personne ne bronche dans la salle… finalement, pourquoi pas…
Dans ce décor très bourgeois, avec un bureau à cour et deux chaises face à face, des fauteuils club à jardin, il y a de la place pour un mouton et un arbre, incongrus, mais qui ne servent pas à grand chose ! Dans des costumes de cartons dont nos anciennes affublaient leurs poupées, faute de mieux, les deux comédiens vont se livrer à une pantomime qui ne fera pas rire beaucoup… Ce préliminaire achevé, le dur – Duras va commencer parce que, figurez-vous, qu’un livre leur tombe du ciel… éculé et assez boulevard, mais (re)pourquoi pas…
Après nous avoir dit qu’ils étaient nuls – ce qu’on a fini par croire – de nous dire que nous avions « peur d’eux », nous, le public – ce qui a fini par se passer ! – ils en finissent par nous raconter leur histoire abracadabrantesque comme aurait dit l’autre et ça se sent… Quelques répliques sont drôles, le pastiche est presque réussi mais ne prend pas… Aucune facilité ne leur échappe : un ravissement LOL… et si « les plus belles pages sont celles qui ne sont pas écrites » ce spectacle peine à s’imposer car lors de la représentation à laquelle j’ai assisté, les comédiens ne sont pas drôles…
Trois chapitres plus loin, un non film, une voix off et il ne reste pas grand chose de cette farce déjà présentée l’année dernière dans le OFF et qui, lauréat du prix, revient dans le festival mais peine à convaincre…
Emmanuel Serafini
Photo C. Raynaud de Lage