MARLENE MONTEIRO FREITAS À MONTPELLIER DANSE : MAIS OÙ SOMMES-NOUS ?

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MARLENE MONTEIRO FREITAS À MONTPELLIER DANSE : MAIS OÙ SOMMES-NOUS ? / Mercredi 2, jeudi 3 juillet 2014, 18h, Théâtre de la Vignette, Montpellier.

Pour cette 34ème édition de Montpellier Danse, on attendait avec impatience et curiosité la chorégraphe originaire du Cap-Vert Marlene Montero Freitas. D’autant plus que son nouvel opus, de marfim e carne — as estátuas também sofrem (d’ivoire et de chair — les statues souffrent aussi), a été créé spécialement pour le festival à l’issue d’une résidence à l’Agora, Cité internationale de la danse, en mai dernier. Et l’artiste osée du collectif portugais au nom déjà évocateur Bomba Suicida ne nous a pas déçus. Encore une fois, après Guintche, (M)IMOSA, Paraíso, Marlene Monteiro Freitas nous fait réagir, et cette fois-ci plus que des frissons, ce sont des questions qui nous rattrapent. En l’occurrence, où sommes-nous ?

C’est certainement la question qu’ont dû se poser les spectateurs face à une représentation totalement démente pour ne pas dire barrée où 4 danseurs performeurs prennent tour à tour le visage d’une sculpture, d’un androïde, d’une bête ; un visage surexploité, tiré au maximum parce que les danseurs évoluent la plupart du temps la gueule ouverte comme s’ils poussaient un cri sempiternel de souffrance, un cri figé de désespoir, un SOS. Avec le visage, il y a aussi les yeux qui tourmentent, soit ils se révulsent soit ils disparaissent, symptôme d’une absence d’humanité. Au final c’est tout le corps qui est mobilisé dans un vocabulaire saccadé, extrêmement précis et surtout extrêmement innovateur. Marlene Monteiro Freitas, vous l’aurez compris, nous offre une scène de l’extrême, hors du commun, une scène sous tension à la fois fragile et intense à la mesure de la musique. En effet, les danseurs soldats obéissent au rythme des musiques bien souvent répétitives et obsessionnelles. Ils obéissent également et plus encore aux 3 musiciens présents sur scène qui avec leur jeu de cymbales martèlent la mécanique sur le corps dansant.

Ainsi si les performeurs feignaient parfois d’être de marbre ou d’ivoire, le public quant à lui ne peut sortir de la salle sans être non pas ému aux larmes mais bouleversé, transporté dans un ailleurs pluriel, un espace où l’homme se révèle en animal-machine, un espace tellement improbable qu’il frise le ridicule. Mais ne nous y trompons pas, loin de présenter une comédie, la chorégraphe nous fait entrer dans une fêlure certes difficilement localisable mais absolument communicante.

Aude Courtiel

Visuel : Marlene Monteiro Freitas »de marfim e carne as estatuas tambem sofrem / Copyright Jose Luis Neto

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