FESTIVAL D’AVIGNON : REGIS DEBRAY HUMILIE LA JEUNESSE

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68e FESTIVAL D’AVIGNON : « Les Ateliers de la Pensée » : Régis Debray humilie la jeunesse.

Le 12 juillet, jour de mobilisation à Avignon, « Le Monde est jeune » s’intéressait au déclin de l’occident et invitait Régis Debray, intellectuel engagé à répondre aux interrogations de l’auditoire. « Le Monde est jeune » est une initiative en faveur de la jeunesse, pour lui redonner toute la place au sein du In d’Avignon, selon la volonté de son directeur Olivier Py. Mais « Le Monde est jeune », cela a surtout été la mise en scène de la soumission et de l’humiliation imposée et intériorisée par la jeunesse. Ce dispositif lui-même a repris et traduit la place assignée à la jeunesse par la société : la dépendance aux plus anciens, dépendance financière, professionnelle mais aussi intellectuelle.

Donner la parole aux jeunes, cela voulait dire leur permettre d’interroger un « maître à penser », Régis Debray ; et ce, alors que la moyenne d’âge du parterre était plus proche des 50 ans que des 25 ans. Tout le long de cet « Atelier » l’écart entre un maître, qui occupe la position de celui qui sait, et l’assistance, celle de l’ignorance, n’a cessé de se creuser. Pour conserver le fondement de cette rencontre, il a ainsi été décidé de donner la priorité aux interrogations de jeunes gens ; et se faisant, on a une nouvelle fois alimenté l’opposition factice entre jeunes et moins jeunes.

Donner la parole aux jeunes, cela aurait pu vouloir dire les laisser entrer sur scène, monter sur le plateau pour parler d’égal à égal avec un homme tel que Régis Debray. Il ne s’agit pas ici de faire du jeunisme, les jeunes n’ont ni plus ni mieux à dire. Mais il s’agit de reconnaissance : des jeunes de 20, 25 ou 30 ans sont eux aussi capables d’exposer une pensée riche et féconde, de débattre d’égal à égal et avec respect. Pour cela, il aurait été nécessaire de reconnaître et connaître des intellectuels, des philosophes, des économistes ayant moins de trente ans.

On a donc encore pris la parole, à la place de la jeunesse, au nom de la jeunesse. On lui encore dénié la faculté de penser et sa capacité à inventer un monde commun. La mobilisation s’emparait de la précarité, la précarité c’est aussi celle de la jeunesse qui doute de son avenir et de sa place dans la société française, et plus particulièrement sur la scène culturelle et intellectuelle.

Le Festival d’Avignon est un des lieux d’expression active de la jeunesse, qui a un rôle à jouer dans cette émergence de nouveaux liens de confiance. Les propos de son directeur vont dans ce sens, quelques décisions aussi. Hélas, vouloir bien faire, n’est pas faire bien. Régis Debray, bien malgré lui, humilie cette jeunesse appelée un peu plus chaque jour à ne compter que sur elle-même.

Quentin Margne

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