FESTIVAL D’AVIGNON : « Notre peur de n’être », une récréation onirique de Fabrice Murgia

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68e FESTIVAL D’AVIGNON : Fabrice Murgia : Notre peur de n’être / Gymnase Aubanel / 21 au 27 juillet 20h / Durée 1h20.

Fabrice Murgia fait son entrée au Festival d’Avignon, après s’être fait remarquer au TNB à Bruxelles, théâtre auquel il est artiste associé et qui co-produit d’ailleurs ce nouvel opus. Metteur en scène emblématique de la jeune scène wallonne, son théâtre très épris de nouvelles technologies est parfaitement dans l’air du temps.

Peut-être un peu trop même, jugeront certains esprits chagrins. Toujours est-il que Murgia, en artiste très informé de son temps, surfe avec une certaine virtuosité sur les fondamentaux d’un théâtre renouvelé, extrêmement visuel, hyper connecté et pour tout dire, très branchouille.

Pour autant, son esthétique, qui en évoque bien d’autres tout aussi contemporaines -on pense notamment très fort à Philippe Quesne, dont il ne possède cependant pas la vision ni l’intelligence dramatique, encore moins la poésie élémentaire- fait bonne figure dans cette 68e édition un tantinet ennuyeuse, figée dans des formes académiques et convenues.

On ne boudera donc pas son plaisir à la rencontre de ce théâtre malin, un chouïa adulescent mais finalement bien dans sa peau, servi par un sextet de comédiens inégaux certes, mais dont quelques uns – la mère en particulier- tirent leur épingle du jeu avec brio. Le dispositif scénique astucieux, la scénographie bien réglée, l’esthétique soignée des tableaux concourent à un moment agréable de théâtre qui cependant jamais n’atteint l’étincelle fragile de la grâce.

Certes, l’utilisation plutôt bien comprise de la vidéo et du son, tout comme la grande fluidité de la mise en scène attestent d’une maîtrise enviable concernant un tout jeune metteur en scène à peine trentenaire, dont on ne doute pas qu’il saura affûter ses ressources au fil du temps. Cependant, et pour l’instant, « Notre peur de n’être » manque considérablement d’épaisseur et pêche par un « message » fumeux et simpliste, qui peine à rassasier les appétits exigeants.

L’argument de la pièce, dont on a vaguement compris qu’il embrasse la question de la solitude dans nos sociétés contemporaines, que Murgia relie de manière elliptique à notre consommation de médias et de technologies, ne suffit pas à remplir le contrat dramaturgique de façon satisfaisante. A vrai dire, on en attendrait un peu plus de force et de construction intellectuelle, un peu moins « d’entertainment » et un peu plus de poésie et d’art. Un peu plus de théâtre, quoi.

Murgia a donc encore pas mal de chemin à parcourir avant de se mesurer vraiment aux maîtres qui visiblement l’inspirent, mais dont il ne parvient pas à tenir la hauteur. On retiendra cependant ce « Notre peur de n’être » -une fantaisie onirique de bonne facture- comme un bel essai divertissant, à transformer donc.

Marc Roudier

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Photos Théâtre National de Bruxelles / Festival d’Avignon

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