FESTIVAL D’AVIGNON : « LE MARIAGE DE MARIA BRAUN », UN OSTERMEIER POUSSIF, PAS VRAIMENT AU MEILLEUR DE SA FORME

ostermeier

68e FESTIVAL d’AVIGNON : « Le mariage de Maria Braun » de Thomas Ostermeier, cour du lycée Saint-Joseph, jusqu’au 27 juillet à 22h.

C’est dans un Festival d’Avignon compliqué, perturbé et finalement peu dynamique que nombre de spectateurs attendaient avec impatience le nouveau Ostermeier. Le metteur en scène allemand présente donc sa nouvelle création «Le mariage de Maria Braun » en français dans le texte, ou « Die ehe der Maria Braun » en allemand dans le texte aussi.

Et si le spectacle a son titre traduit, c’est bien qu’il est joué en allemand, surtitré en Français. Et d’ailleurs, à ce titre, enfin un surtitrage de qualité, fluide, bien placé (on n’est pas obligé de choisir la lecture du texte ou la vue de la scène) et sur un panneau à leds. Il faudra s’y habituer, c’est la technologie qui sera systématiquement utilisée désormais. Côté scénographie, c’est du Ostermeier pur sucre : grand plateau, grande ouverture et grande profondeur (il est quasiment carré NDLR), mobilier classe des années 50, rideaux désuets, habillage en bois satiné bref, un beau plateau !

Et l’interprétation, me direz-vous ? D’une immense qualité, des comédiens professionnels jusqu’au bout des lèvres ; on reconnaît là encore l’exigence d’Ostermeier, qui sait toujours tirer le meilleur de chacun de ses comédiens, voire plus. La mise en scène ? Oui et encore oui, la patte d’Ostermeier est bien là. La rigueur de cette dernière éclate résolument, sans qu’on ne sente jamais un ou des comédiens pris dans le carcan d’une mise en scène étriquée ou névrotique.

Jusque-là, tout va pour le mieux donc ! Sauf que… C’est au niveau du texte que cela pêche, dommage pour cette 68e édition du Festival d’Avignon, qui se voulait justement un retour au « dieu » texte. Non pas que ce dernier soit barbant, loin de là, mais on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine attente, une espèce de gêne assez indéfinissable, mais franchement désagréable. On se demande alors si c’est le souvenir de la réalisation de Fassbinder qui fait  interférence ? Non, la réponse vient à mesure que le spectacle se déroule : Est-ce un texte de théâtre ! La réponse est non !

Si Fassbinder adaptait parfois ses propres pièces, ici, c’est bien d’un scénario dont tout part (à noter que ce scénario a été écrit à 6 mains, celles de Rainer Werner Fassbinder, Pea Fröhlich et Peter Märthesheimer – NDLR) et cette réalité flotte en permanence au-dessus du plateau : voilà donc ces foutues interférences ! Certes, le pari était risqué, Ostermeier est d’ailleurs le premier à le reconnaître, tout en avouant ne pas avoir vu le film avant de s’attaquer à ce projet…  Si l’on prend en compte l’amour absolu qu’il porte à Fassbinder, on peut un peu douter de cet aveu, qui serait plus certainement celui-ci : «Je n’ai pas vu le film avec l’idée de l’adapter sur un plateau»…

Il n’empêche, le piège est tendu et « Le mariage de Maria Braun » est long, très long,  et il faut tout le talent du metteur en scène et particulièrement des interprètes pour ne pas totalement sombrer dans ce même piège -au passage tendu par Ostermeier lui-même- Un peu névrotique comme situation donc.

On reste loin du somptueux « Un ennemi du peuple » présenté en 2012 et 2013. Et pour cause, là, c’était un texte de théâtre, un vrai…

Vincent Marin

Photo C. Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

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