LE NOUVEAU SIEGE FENDI A ROME : UNE TRANSITION A ECLAIRCIR

fendi 1

Rome, correspondance.
Le nouveau siège Fendi à Rome: une transition à éclaircir par Raja El Fani.

Alors que l’Expo de Milan s’apprête à fermer ses portes, l’attention se tourne sur Rome où se prépare un autre enjeu national, le Jubilée de 2016. C’est à l’EUR, le grand quartier excentré édifié à l’occasion d’une précédente Expo prévue en 1942 puis annulée à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale alors que les travaux étaient pratiquement complétés, que le français Bernard Arnault est venu assister en personne à l’inauguration du nouveau siège Fendi dans le Palais de la Civilisation Italienne surnommé le «Colisée Carré».

L’évènement devance les principales expectatives culturelles romaines de 2016 et fait écho à une autre grande restauration privée-publique, cette fois au centre de Rome, celle du Colisée original financée par l’entrepreneur et collectionneur Della Vale, le chairman de Tod’s.

Un des joyaux de la skyline romaine et de l’architecture rationaliste retrouve sa splendeur et ouvre pour la première fois au public depuis 1953: six étages de bureaux complétés d’un roof-top provisoire noir – déjà contesté – en guise de salle restaurant à 360°, 15 ans de location (pour commencer) à environ 2,5 millions par an, un sous-sol destiné à l’atelier de fourrures et enfin un rez-de-chaussée dédié aux expositions. Quelle est la programmation artistique ? Sera-ce la succursale romaine de la Fondation Vuitton ?

Pietro Beccari, Ceo de Fendi, me répond qu’il n’a pas pensé à une connexion avec la Fondation Vuitton, que Fendi n’a pas encore désigné de curateur pour la salle d’exposition romaine, mais est ouvert aux propositions. M. Beccari me répète que les futures expositions devront toutefois se concentrer sur l’impact de la culture italienne dans le monde et promouvoir l’excellence italienne, un choix certainement dû aux contraintes administratives. Mais un espace qui pourrait vite devenir, avec le juste engagement, un nouveau repère à Rome pour le monde de l’art.

En attendant qu’il le devienne, Fendi ouvre ses portes à Rome avec un modeste parcours didactique au titre ambitieux : Una nuova Roma (Une nouvelle Rome) réalisé par la Surintendance aux Biens Culturels de la capitale, sous la supervision scientifique de l’historien passionné Vittorio Vidotto. L’exposition, dont le communiqué vante des noms comme Sironi, Prampolini, Severini, Giò Ponti, rassemble en fait des dessins préparatoires d’artistes et d’architectes, quelques éléments de Design, des photographies et des films qui racontent la création de l’EUR dont la valeur architecturale et monumentale est unique dans le panorama mondial.

Interviewé, M. Vidotto m’explique que le Colisée Carré, qui occupe le point le plus haut de l’EUR, représente le passage de l’architecture rationaliste à l’architecture monumentaliste avec des interventions d’inspiration classique et métaphysique, miraculeusement épargné par les bombardements et complété dans les années 1950 et 1960.

Au cours de la cérémonie, la nouvelle illumination dévoilée a en effet beaucoup souligné l’inspiration à De Chirico de la façade et joué inévitablement sur l’imposante solennité du monument. Reste à espérer que ce symbole restitué à Rome, et maintenant visible de loin la nuit, sache faire converger la multiplicité de talents ici dispersés et restés sans référence (et sans marché) depuis les années 1970.

Enfin, quelques questions en suspens cessent quand Pietro Beccari lors de son discours confirme la présence des cinq sœurs Fendi parmi les invités, dont le lien (désormais symbolique) avec la maison de couture reste encore à définir du point de vue légal depuis la vente à Arnault. Maintenant que la marque n’est plus leur propriété, les sœurs Fendi doivent-elles renoncer à leur nom ?

Curieusement, le télescopage est assez avantageux et pourrait être stratégique à Rome où sera inaugurée l’an prochain la Fondation Alda Fendi conçue par Jean Nouvel. Lequel du sponsoring de la maison Fendi ou du mécénat des sœurs Fendi saura faire évoluer en premier la marque ou le nom au niveau culturel ? Une étape fondamentale pour parachever un rayonnement qui pour l’instant dépend beaucoup de l’ambivalence.

Raja El Fani
à Rome

fendi 2

fendi 3

1- Photo du Corriere della Sera, 2- Illuminations de Mario Nanni, 3- photo R. El Fani

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

  • Mots-clefs

    Art Art Bruxelles Art New York Art Paris Art Venise Biennale de Venise Centre Pompidou Danse Festival d'Automne Festival d'Avignon Festivals La Biennale Musiques Palais de Tokyo Performance Photographie Théâtre Tribune
  • Archives