« RENCONTRES A REATTU », MUSEE REATTU ARLES

« Rencontres à Réattu » au musée Réattu, Arles, jusqu’au 7 janvier 2018.

« Rencontres à Réattu » continue la programmation du musée Réattu d’Arles, initiée il y a 3 ans, de mise en valeur de sa collection dotée de 5000 oeuvres, crée en 1965, par, notamment, l’illustre photographe français Lucien Clergue. Premier fonds photographique dans un musée des beaux-arts français à l’époque, constitué au départ grâce aux dons des artistes, ce département avait fait l’objet d’une belle exposition, en 2015, « Oser la photographie. 50 ans d’une collection d’avant-garde à Arles », avec une sélection de 200 photographies de Cecile Beaton à William Klein, en passant par Dora Maar et Germaine Krull. Avec une petite centaine d’oeuvres, « Rencontres à Réattu » est résolument centré sur la collection, crée en 2002, par les Rencontres d’Arles pour le musée, avec les oeuvres laissées en dépôt par les artistes depuis les années 1970, qui s’est renforcée en 2015 avec une politique de dépôts systématiques du festival chaque année. En 15 ans, 800 tirages sont ainsi rentrées dans le giron du musée Réattu.

Autant dire aussi que cette exposition est pointue, car de jeunes photographes, plutôt connus des experts, y ont aussi trouvé leur place et notamment, en 2017, la photographe Véronique Ellena, la mascotte de Christian Lacroix, ou encore, en 2016, le collectif danois Phenomena – Sara Galbiati, Peter Helles Eriksen et Tobias Selnaes Markussen. On y trouve aussi quelques rares tirages historiques, un Berenice Abbott, le portait du cinéaste américain Jerome Hill de 1943 en lieutenant de l’U.S. Air Force, ou encore un Pierre Jahan, Etude 119 pour Plain Chant (Jean Cocteau) de 1947, qui lui valut une incarcération en prison pour outrage aux bonnes moeurs de l’époque, malgré la pudeur de ces images d’un couple au lit. Man with a Buldog, New York, de 1976 de l’artiste féministe américaine Judy Dater, donné en 2002 au musée, est aussi présenté. Et l’année 1965, symbolique et fondatrice pour le musée Réattu, s’incarne avec New York, de 1916, un don de son auteur Paul Strand.

Dans ce tour du monde, il faut voir l’iconique Rebellion Silence de Shirin Neshat de 1994, et les magnifiques nus féminins du photographe japonais Kishin Shinoyama, Tatouages, Yokohama (série) de 1974, exposé dès 1975 par les Rencontres d’Arles, ou encore les policiers chinois en couleur, immortalisé en 1989 par le Belge Rael Jacobs, de la série des 199 images de A Photographer’s day in Tien Ann Men, un don de 2017. Les manifestations sanglantes de Pékin ont eu lieu quelques mois après, du 15 avril au 5 juin 1989.

Le jeune photographe français, Guillaume Janot a, quant à lui, donné Neal, Tower Blocks, un grand tirage couleur de 2000, une photographie prise au cours d’un séjour dans la périphérie de Glasgow, à l’occasion d’un travail de différents oeuvres, portraits ou natures mortes, pour la bourse Villa Medici Hors les Murs. Un jeune homme en jean et en t-shirt gris, qui laisse voir son bras tatoué « 1959 » au milieu de l’image, pose le visage dos à l’objectif, devant un paysage typiquement écossais avec de grands ensembles au loin, absorbé par l’horizon, comme la méditation bucolique d’un passeur des temps modernes.

Une grande section de l’exposition est dévolue à l’intimité et à l’identité, où l’on voir par exemple le tirage de 2007 d’un jeune homme tatoué avec de grandes lignes abstraites bleues sur le bras et sur la hanche, de l’artiste français Laurent Goumarre, Sans titre (Arthur), où l’humain devient véritablement une oeuvre d’art, ici moderniste – « c’est la culture qui sauve la culture » a dit très justement la ministre de la culture Françoise Nyssen lors de l’inauguration le 3 juillet dernier des Rencontres d’Arles -. Et se trouve également accrochée là une oeuvre intimiste et graphique du photographe suisse Christian Vogt, Nu, de la Red Series de 1976 et celle, géométrique de Duane Michals, Homage to C.P. Cavafy, vers 1970, un don de l’artiste au musée en 2005. Les photographies les plus sensuelles sont cependant les 10 magnifiques nus du Couple de 1973 du photographe français humaniste, prix Niepce en 1960, Léon Herschtritt.

Juliette Soulez

1- JANOT Guillaume-Neal, Tower blocks série Roses and guns-2000-dépôt d’une collection particulière, 2017
2- GOUMARRE laurent, sans titre(Arthu) 2007 collection particulière 2017

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

  • Mots-clefs

    Art Art Bruxelles Art New York Art Paris Art Venise Biennale de Venise Centre Pompidou Danse Festival d'Automne Festival d'Avignon Festivals La Biennale Musiques Palais de Tokyo Performance Photographie Théâtre Tribune
  • Archives