EMMANUELLE LAINE, « EST-CE QUE JE ME CONTREDIS ? », FRAC CHAMPAGNE-ARDENNE

Emmanuelle Lainé – « est-ce que je me contredis ? c’est entendu alors je me contredis. (je suis vaste, je contiens des multitudes) » – FRAC Champagne-Ardenne – Exposition du 1er juin au 16 décembre 2018 – Vernissage le jeudi 31 mai 2018 à partir de 18h00, en présence de l’artiste.

Emmanuelle Lainé réalise une installation inédite ; un gigantesque trompe-l’œil photographique qui joue avec la collection du FRAC Champagne-Ardenne et l’histoire du lieu. Cet environnement immersif, composé de photographies à l’échelle 1 de salles historiques de l’Ancien Collège des Jésuites de Reims, permettent de sonder temporairement l’esprit du lieu et de faire fusionner l’espace d’un instant l’ancien et le moderne, la richesse patrimoniale et la culture actuelle. L’installation en plans successifs, pousse artificiellement les murs du FRAC, et créée une quatrième dimension qui ouvre un nouvel espace-temps à découvrir et à explorer.

En prenant pour titre et pour point de départ de son exposition une citation du poète américain Walt Whitman (1), Emmanuelle Lainé conçoit au FRAC Champagne-Ardenne un projet hybride, à la fois œuvre inédite, exposition personnelle et accrochage d’une collection publique. L’artiste se présente au travers de l’œuvre d’autres artistes, dans l’espace et en prises de vues, et questionne la notion d’auteur en intégrant l’altérité comme critère identitaire.

La photographie a toujours été le médium de la catégorisation. Elle peut servir à justifier une identité, à fournir une preuve, ou à construire le récit d’événements historiques. Elle est aussi le médium privilégié de la collection : elle documente, elle classe ; elle est souvent le premier intermédiaire de la rencontre entre le public et l’œuvre. Emmanuelle Lainé l’utilise à contre-emploi pour prolonger les perspectives, fragmenter l’espace, et mettre en doute les temporalités.

Dans sa nouvelle installation, elle transpose au FRAC deux salles du campus de SciencesPo : le réfectoire et la bibliothèque. Ces espaces historiques, conçus au XVIIe siècle, contrastent avec les espaces récemment rénovés du FRAC. Ce sont deux temps d’un même lieu qui sont hybridés, qui permettent de mettre en avant les différentes vies d’une collection en utilisant des éléments de mobilier qui rappellent un environnement domestique.

Les œuvres sélectionnées par Emmanuelle Lainé font écho à cette hybridation : elles troublent les frontières établies sur le genre, défont les catégories qui différencient le public du privé, et rapprochent le patrimoine historique et vivant par le montage photographique. Parmi ces œuvres, celles de Lara Schnitger, Hyppolite Hentgen, Nick Mauss et Ken Okiishi interrogent les canons de beauté et la représentation des femmes ; celles de Clément Rodzielski et Lili Reynaud-Dewar sont des fragments qui conjuguent les disciplines sans les hiérarchiser ; les classements des formes aléatoires d’Allan McCollum tentent de rationnaliser ce qui ne peut l’être ; et la photographie de Laurent Montaron est photographiée à nouveau, présentée par deux régisseurs, en montage.

C’est par un processus d’assemblage photographique qu’Emmanuelle Lainé expose l’entre-deux, des temps d’installation rarement dévoilés au public, la partie historique du bâtiment, la collection hors des réserves et le rapport entre institution publique et établissement d’enseignement supérieur. En s’appropriant les œuvres de la collection du FRAC, elle propose aux visiteurs de renouveler leur regard sur l’art et d’envisager d’autres façons de voir le monde, non plus en le catégorisant mais en acceptant son caractère multiple.

Avec les œuvres de la collection du FRAC Champagne-Ardenne, de : Caroline Achaintre, Saâdane Afif, Sylvie Auvray, Eva Barto, Claude Closky, François Curlet, Natalie Czech, Honoré D’O, Michel Dheurle, Jimmie Durham, Latifa Echakhch, Robert Filliou, Dan Graham, Raymond Hains, Hippolyte Hentgen, Pierre Huyghe, Pierre Joseph, André Léocat, Elsa Maillot, Nick Mauss & Ken Okiishi, Allan McCollum, Arno Rafael Minkkinen, Laurent Montaron, Jean Noël, Emilie Pitoiset, Lili Reynaud-Dewar, Clément Rodzielski, Glenn Rubsamen, Lara Schnitger et Joëlle Tuerlinckx.

(1) : Dans son ouvrage Feuilles d’herbes, auto-publié en 1855.

Image © Emmanuelle Lainé – FRAC Champagne-Ardenne

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