BIENNALE DE LYON : MOURAD MERZOUKI, UN K À PART

18e Biennale de la danse de Lyon – Mourad Merzouki – Vertikal – Maison de la Danse de Lyon – 10-30 septembre 2018.

Un K à part.

Ces dernières années, la lettre K semble au centre de la vie de Mourad Merzouki. Avec Karavel, il a imposé un Festival de Hip-Hop à Bron, dans la banlieue lyonnaise, devenu, au fil du temps, un acteur majeur de la scène chorégraphique. Avec Kalypso, son clone dans la banlieue parisienne où Mourad Merzouki a posé un temps ses valises au Centre Chorégraphique National de Créteil, il a fait fructifier une recette qui fonctionne au bord du Rhône pourquoi pas au bord de la Seine… et ça marche !

Et maintenant VertiKal, sa nouvelle création, en collaboration avec la Compagnie de danse Retouramont dirigée par Fabrice Guillot, qu’ils présentent dans le cadre de la 18ème Biennale de Lyon.

Ce n’est pas anodin si Mourad Merzouki a placé un mur sur scène pour cette nouvelle création. Des murs il s’en construit plus qu’il n’en tombe. On se souvient à ce moment que ce B-Boy de St Priest a dû en gravir voire en déplacer des quantités avant d’arriver à ce succès bien mérité.

On voit bien dans ce travail la métaphore utilisée par les deux artistes qui tentent de démontrer qu’il faut en sortir – et tous les danseurs en sortent de ces murs par des effets d’apparitions/disparitions réglés au millimètres ; on se demande même comment ils font pour tous tenir dans un si petit espace le temps des différents changements de séquences !

Mourad Merzouki pose donc un mur aussi parce que pour cette création il a voulu changer de dimension et d’espace en s’associant à Fabrice Guillot qui, avec sa Compagnie Retouramont, s’est fait une spécialité de la danse verticale.

Aussi, ce mur en trois parties devient le terrain d’une chorégraphie aérienne qui permet à la danse de s’échapper du sol et de ses appuis traditionnels et fondamentaux. Mais ce mur, endroit où l’on se cache, d’où l’on sort, sur lequel on s’accroche et se suspend est aussi une frontière de laquelle Mourad Merzouki fait s’échapper ses danseurs, autant de figures humaines nous symbolisant et cette chaîne humaine au pied du mur rassemblée est une image forte du spectacle, offrant autant de possibles à notre imaginaire. On pense aux migrants qui s’échappent pour aller vers une vie meilleure…

La danse est donc présente dans sa forme traditionnelle sur un sol plan et sur ses parois murales qui offrent de nouvelles images aux spectateurs – et on pense au film La Chambre de à Bouvier-Obadia avec ces prises sur le mur, ces positions christiques entre deux accroches.

Les filins qui enserrent les danseurs pour les propulser dans l’espace sont habilement dissimulés ne gênant pas la fluidité de l’exercice et c’est heureux. Le décor se déplace – parfois avec lourdeur – sur la scène pour opérer tantôt une séparation offrant des entrées inattendues aux danseurs qui se faufilent entre deux parois, tantôt un mur infranchissable ; et on pense inévitablement aux murs de frontières tels ceux posés entre le Mexique et les Etats Unis ou celui entre l’Etat d’Israël et la Palestine… La musique – un peu sirupeuse – berce les images dans un doux climat qui, d’une certaine manière, rassure le spectateur qui ne s’y trompe pas puisque celui-ci réserve au spectacle une ovation, véritable démonstration de force et de notoriété pour le chorégraphe qui est bien chez lui à Lyon et dans un paysage où l’on se lasse vite de ses idoles, celle-ci dure et c’est tant mieux car sur le plan de la qualité de la danse, de la fluidité du geste et des images, il n’y a pas photo VertiKal est un K à part !

Emmanuel Serafini

Photos Laurent Philippe

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