CHRISTIAN MARCLAY « EPHEMERA » / SAÂDANE AFIF « PAROLES », DEUX OEUVRES MUSICALES CHEZ MICHELE DIDIER
Christian Marclay et Saâdane Afif – « Ephemera » et « Paroles » – Galerie MFC Michèle Didier Paris – Vernissage le samedi 9 février de 18h à 21h, concert de 19h30 à 20h* – Exposition du 12 février au 23 mars 2019.
La prochaine exposition de la galerie MFC remettra à l’honneur l’œuvre exceptionnelle de Christian Marclay, Ephemera, en la présentant en lien avec Paroles de Saâdane Afif.
Les Paroles de Saâdane Afif, paroles de Tacita Dean, André Magnin, Jonathan Monk, Emilie Pitoiset, Michael Riedel, Anri Sala et Sarah Ancelle Schönefeld, interprétées par des musiciens ou chanteurs lors de trois concerts qui se dérouleront durant le cours de l’exposition, deviendront matière et prétexte à une nouvelle interprétation d’Ephemera de Christian Marclay.
Les œuvres de Marclay et Afif ont pour point commun de ne pas se laisser enfermer en un seul objet ou une seule forme, laissant place à une oralité et une musicalité qu’elles peuvent évoquer où à laquelle elles se destinent.
Ephemera et Paroles explorent l’interprétation découlant des rencontres avec une œuvre, rappelant la citation de Marcel Duchamp: « c’est le regardeur qui fait l’œuvre ».
Alors que Paroles de Saâdane Afif est une œuvre résultant de commandes auprès de différents auteurs, cette nouvelle exposition la présente sous une nouvelle dimension : celle-ci devient matière et prétexte à une nouvelle interprétation d’Ephemera.
Depuis plus de 35 ans, Christian Marclay compose une œuvre plastique mettant la musique au cœur de son processus de création. Né en 1955 en Californie et suisse d’origine, Marclay revient aux États-Unis en 1977, à une époque où une grande partie de l’expérimentation musicale, notamment la musique No Wave et Punk Rock, ont une forte influence
sur le monde de l’art. Cette période marquera son travail, se situant à ce point de rencontre et d’influence entre la musique expérimentale et l’art : Christian Marclay aborde la musique en tant qu’artiste visuel.
Les motifs kitsch d’Ephemera offrent ainsi une vue désarmante : apparaissent des éléments injouables, comme des clés de G perdues dans le vide, ou des portées dont les lignes errent et se perdent… Le collage opéré par Marclay permet de redonner un nouveau sens à ces éphémères.
Bien que The Clock (2010) soit souvent citée comme l’œuvre majeure de Christian Marclay, c’est bien la musique qui traverse toute son œuvre, comme il l’a récemment déclaré lui-même dans une interview du New York Times : https://www.nytimes.com/2018/11/19/arts/music/christian-marclay-huddersfield-music-festival.html
Partitions, instruments, enregistrements, concerts et posters constituent également une part importante du vocabulaire artistique de Saâdane Afif. Qualifié de « post-conceptuel », son travail explore les notions d’interprétation ou d’échange et prend de multiples formes (performances, objets, sculptures, textes, affiches, néons). L’exposition est pour lui un prétexte de production ou d’activation. Il transfère sur les murs ses textes et statements à l’aide d’un système de lettres adhésives.
Depuis 2004, Saâdane Afif passe commande à des artistes, des écrivains, des compositeurs, des critiques d’art, de paroles de chansons inspirées de ses œuvres pour ensuite les exposer à leurs côtés. Cette démarche permet une véritable continuité, laissant peu de place au caractère figé des œuvres passées : se situant au cœur d’un réseau d’échanges, ces dernières revivent sous forme de chansons. Un processus permettant à l’artiste d’associer d’autres personnalités à l’élaboration de son travail, proposant une réflexion sur l’œuvre elle-même afin de mettre en valeur l’idée qu’elle ne se construit jamais de façon isolée : « c’est une méthode qui permet de créer des mutations dans le travail en permanence, de faire muter des formes. Elles mutent, elles ne sont pas transformées. Je peux auto-citer mon travail et ça ne s’assèche pas, parce qu’il y a toujours un apport de l’autre. »
Paroles a donné lieu à un ouvrage regroupant 191 textes écrits par plus de 100 auteurs au court des 15 dernières années, publié à l’occasion de l’exposition éponyme du Wiels à Bruxelles en 2018.
C’est cette liberté inhérente aux processus de création de Marclay et d’Afif à laquelle nous souhaitons rendre hommage à travers cette exposition et l’organisation de trois concerts exceptionnels, interrogeant par là-même les rapports que la musique entretient avec les arts plastiques.
* Le concert, qui se déroulera de 19h30 à 20h, accueillera la soprano Eléonore Lemaire accompagnée du percussionniste Richard Dubelski. Le duo proposera une interprétation en cinq actes. Les dates des prochains concerts seront communiquées ultérieurement.