« ONE SONG », L’OVNI MIET WARLOP

One Song (Histoire(s) du Théâtre IV) – Miet Warlop – En tournée internationale.
LA MUSIQUE EST UN SPORT COMME LES AUTRES…
Attention – excellent ! – OVNI… Il aura fallu attendre la dernière année de leur magistère pour que la direction du Festival d’Avignon dévoile sa vraie nature : déjantée ! Avec One song de la Belge – Flamande Miet Warlop, le festival tient son succès.
C’est la première fois que la Cour du Lycée Saint Joseph résonne aux sons de six batteries – pas moins – et les cris des supporters n’auront pas entamé le rythme du numéro 34, le chanteur lancé à toute allure sur son tapis roulant de course, doté d’un micro dans lequel il braille ni plus ni moins pendant une heure. Exploit !
Imaginez sur cette scène ou l’année dernière encore Anne Cécile Vandalem installait une taïga et où le chorégraphe Jan Martens faisait résonner du Górecki, est installé un gradin sur lequel cinq supporters, écharpe en bandoulière, sont surexcités dans l’attente d’une performance toute sportive. L’arbitre des élégances est au mégaphone et présente les joueurs – musiciens… un pompom-man s’échauffe aussi tout de blanc vêtue. Il porte le numéro 11.
Six batteries, donc, une contrebasse, un violon, des claviers sont coincés dans des agrès de sports… le numéro 33 de cette dream orchestre team se saisit du violon, le 99 de la contrebasse, le 27 du clavier et le 45 de la batterie. Ce quatuor, bien dirigé par un métronome sonorisé, se lance à corps perdu dans une musique puissante. Le Helfeast à converti Avignon… ! Une rupture classique nous donne à entendre Bach pendant que les autres font une pause bien méritée devant cette performance vocale et musicale…
Le chanteur tente de rivaliser avec une machine automatique de pingpong et définitivement maître du temps. Le métronome, sans cesse déréglé, transforme les séquences jusqu’à un Gravity bis ou chaque geste semble plus lourd et lent les uns que les autres… Seule incongruité que je ne m’explique pas, c’est la nécessité et l’usage de cette eau qui tombe de cintres… pourquoi pas !
Tous les codes du sport sont utilisés jusqu’au banc de touche. Le final est accompagné d’un hymne national. On est fier. Tout le monde chante la main sur le cœur. Ça dure une heure. C’est à la fois très fort, parodique et drôle. Digne successeur de Milo Rau, Faustin Linyekula et Angélica Liddel à travers Histoire(s) du théâtre, le programme du NTGent, Miet Warlop réussit un tour de force, drôle et intelligent, mettant une énergie dingue dans ce début de festival.
Emmanuel Serafini – vu au festival d’Avignon 2022
En tournée :
- Valence : du 1er au 3 février 23 – Comédie de Valence
- Gand : du 1er au 4 mars 23 – NTGent
- Amsterdam : du 6 au 7 mars 23 – ITA Amsterdam
- Turnhout : le 22 mars 23 – Culuurhuis
- Anvers : du 24 au 25 mars 23 – deSingel
- Dijon : du 28 au 31 mars 23 – Théâtre Dijon Bourgogne
- Barcelone : du 6 au 7 avril 23 – Teatre Lliure
Photo C. Raynaud de Laage